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Pâques le Grand Passage
Madeline Diener
Mosaïque du baptistère
de l'Abbaye de
Saint-Maurice

La Traversée
de la mer Rouge
1994-­‐1998

Pâques est sans conteste la fête la plus importante des chrétiens. Fête du printemps et de la vie qui renaît après l’hiver, elle est la fête de la Résurrection du Christ. Pourtant aujourd’hui beaucoup de nos contemporains peinent croire à la Résurrection.   
C’est trop incroyable, trop miraculeux, trop inconcevable, trop compliqué, trop abstrait.
La raison semble buter contre un mur infranchissable et beaucoup ne croient tout simplement plus à une vie qui continuerait au-delà de la vie terrestre. En niant le mystère central du christianisme, c’est l’idée de leur propre résurrection, d’une espérance qui va au-delà de cette vie et d’un Dieu d’amour qui passent à la trappe. Ainsi la Résurrection qui depuis l’aube de Pâques était au cœur de la foi chrétienne semble être devenue une impasse.  
Dans des impasses...


Le mur de Berlin
en construction

Erigé en plein Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA), il est une tentative de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne
Une impasse ? Alors que le mot Pâques nous vient d’un mot hébreu qui veut justement dire « passage » ! En effet, l’expérience qui fonde la foi juive c’est le passage de Dieu au-dessus des Israélites épargnés grâce au sang de l’agneau pascal. C’est le passage au milieu de la mer Rouge alors qu’ils se trouvaient poursuivis par l’armée du Pharaon. C’est le passage de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie.  

En situant la mort de Jésus lors de la fête juive de la Pâque et parlant de Jésus comme de l’Agneau pascal, le Nouveau Testament, non seulement fait mémoire de cette expérience fondamentale des Israélites, mais nous invite à l’élargir et à la faire nôtre. Par son passage de la mort à la vie nouvelle, Christ nous a ouvert le chemin de la vie et de l’amour sans limites.   Loin d’être une impasse, la Résurrection va devenir ce Grand Passage qui libère et éclaire ma vie.

Au-delà de ce que je peux comprendre par mon intelligence, le mystère de Pâques - que le chrétien fait sien dans le baptême - m’ouvre à ce passage qui crée la vie, passage des ténèbres à la lumière, du doute à la foi, du désespoir à l’espérance, de l’angoisse à la sérénité, du non-sens à l’acceptation.  Alors, même confronté à la souffrance, à l’épreuve, au doute ou à la mort, je pourrai confesser à la suite du peuple de l’Exode ou de l’Apôtre Paul: Nous sommes dans des impasses mais nous arrivons à passer * »  

* (2 Corinthiens 4 :8 version TOB) 

..et pourtant nous passons!

Le mur de Berlin « tombe » dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d'existence