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Semaine des religions 2021
Portraits croisés 

Chaque année, lors la première semaine de novembre, environ 100 manifestations à travers toute la Suisse invitent à la rencontre et au dialogue entre les religions et les cultures présentes dans notre pays. Cependant, la pandémie du Covid-19 a poussé le MCDA-Riviera à reporter une journée de partage entre communautés chrétiennes et musulmanes de Vevey-Montreux. Le dialogue se poursuit d’une autre manière par les portraits croisés de Thomas Bischoff, ancien membre du Comité de l’UVAM et de Marc Horisberger, pasteur, tous deux membres du MCDA-Riviera 

Thomas Bishoff














Pouvez-vous nous parler de votre parcours de foi :

Th.B : Je suis Bâlois d’origine et viens d’une famille suisse traditionnelle. Je me suis toujours posé des questions sur la vie. D’où est-ce que je viens ? Qui suis-je ? Quel chemin suivre ? En 1968, j’avais 21 ans. J’ai vu le système de valeur de mes parents qui avait des idées claire et simples sur la vie s’effondrer d’un coup. J’étais batteur dans un groupe musical et j’ai vu mes amis sombrer dans la drogue et devenir des marginaux. De plus en plus on faisait n’importe quoi et moi j’étais en quête de sens et en recherche d’absolu.​​​​​​​

C’est alors que vous avez trouvé l’Islam ?

Th.B : Pas du tout ! Je me suis d’abord intéressé à la psychologie, en particulier à l’analyse de C.G Jung qui accorde de la place au spirituel - contrairement à Freud. Une rencontre avec une psychologue m’a fait découvrir la psychosynthérèse, qui s’intéresse particulièrement aux rêves. Tout rêve est un message de Dieu. Sauf si nos émotions ou le stress qui se prolonge dans le sommeil vient obscurcit ce qui vient en profondeur. A cette époque je menais une vie normale me formant et travaillant comme ingénieur dans le domaine de l’Industrie graphique.

Alors comment avez-vous évolué vers la foi musulmane ?

Th.B : C’est effectivement un long chemin. Lors d’un voyage en Tunisie, sur le marché d’Hammamet, j’ai entendu la radio qui diffusait dans chaque boutique la même chaîne avec les prières et le prêche d’un imam. Cela m’a mis comme dans un état second et je me suis senti parfaitement bien comme si Dieu avait fait irruption en moi.  Mais je ne me suis pas converti à ce moment-là. Ce n’est que plus tard après mon mariage, dans une église protestante -avec une femme marocaine que je suis vraiment entré en contact avec l’Islam. De fréquents séjours dans ma belle-famille m’ont conduit vers l’enseignement du théologien et mystique musulman Ibn al Arabi. Je suis devenu musulman à cette époque, mais pour moi cela ne changeait pas vraiment grand-chose. Au fond je pense que c’est le même chemin.  

Comment voyez-vous le dialogue interreligieux ?

Th.B : Je ne vois pas d’opposition entre musulmans, chrétiens et juifs. Il y en a beaucoup plus entre croyants et non-croyants et c’est pourquoi les communautés religieuses ont un très grand intérêt à travailler ensemble. Non pas pour lutter contre les athées, mais pour insuffler plus de spirituel dans un monde marqué par le matérialisme. Malheureusement nos communautés ont de la peine à s’engager dans cette tâche essentielle. Elles ne discernent pas le défi que pose le monde matérialiste d’aujourd’hui et ne manifestent pas beaucoup de volonté pour développer ce dialogue. Parfois elles se polarisent trop sur des aspects marginaux de la religion et cherchent une justification dans les textes sacrés à toutes sortes de pratiques secondaires qui leur permet de se distinguer plutôt que de chercher ce qui unit.

Le mot de la fin ?

Th.B : La chance avec la pandémie est que l’Islam semble avoir disparu du radar des médias. Le Covid a un peu calmé les esprits. On découvre qu’on a besoin d’être plus solidaires entre humains pour construire un avenir commun.