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Lecture de l’Évangile selon Jean, chapitre 11, versets 17 à 28 
La foi de Marthe

Quand Jésus arriva, il apprit que Lazare était dans la tombe depuis quatre jours déjà. Béthanie est proche de Jérusalem, à moins de trois kilomètres, et beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler de la mort de leur frère. Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle partit à sa rencontre ; mais Marie resta assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que même maintenant Dieu te donnera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère se relèvera de la mort. » Marthe répondit : « Je sais qu'il se relèvera lors de la résurrection des morts, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt ; et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » — « Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui devait venir dans le monde. » Sur ces mots, Marthe s'en alla appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est là et il t’appelle. »                                   Louange à toi ô Christ 

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Prédication du du 4e dimanche de Pâques 25 avril 2021


JE SUIS LA RÉSURRECTION ET LA VIE


Chers amis, chers amies, chers frères et sœurs,

 

Parler de la résurrection jamais facile !

Lorsqu’on me demande ce que je crois à ce sujet je réponds souvent : 

Je crois à la résurrection mais je ne sais pas ce que c’est !

Mon esprit trop limité … comme le dit l’apôtre Paul dans 1 Co 13 : « Notre connaissance en effet est partielle et nos paroles sur Dieu et son mystère sont limitées ».

Alors j’avance à tâtons en essayant d’écouter les textes …

Celui que je propose à notre méditation ce matin s’inscrit dans une série de trois des sept déclarations de Jésus commençant par les mots « Moi je suis ».

 

« Moi, je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11:25)


Cette parole bien mystérieuse qui cadre bien avec le temps de Pâques dans lequel nous sommes, fait partie d’un enseignement plus large qui traverse tout l’Évangile de Jean, un Évangile qui contient sept grandes déclarations qui commençant par cette formule Ego eimi

Dans le temps du Carême, nous avions déjà médité sur le pain de vie : 

« Moi, je suis le pain de vie. » (Jean 6:35). 

Dimanche passé sur «  Je suis le chemin la Vérité et la Vie »

Dimanche prochain je vous proposerai de méditer sur la parole 

« Moi, je suis la lumière du monde. » (Jean 8:12). 

Resteront trois déclarations 

« Moi, je suis la porte. » (Jean 10:9). 

« Moi, je suis le bon berger. » (Jean 10:11)

« Moi, je suis la vraie vigne » (Jean 15 :1)


Le contexte

La parole qui retient notre attention ce matin a été́ prononcée dans un contexte bien particulier : celui de la mort et de la résurrection de Lazare que nous raconte le chapitre 11 de l’Évangile selon Jean. 

Jean présente là le septième – tout va par sept dans cet évangile - et dernier signe (ou miracle) qui bien  sûr annonce la propre mort de Jésus et sa résurrection. 

Pour Jean, nul doute que la lumière de Pâques brille déjà à Béthanie, chez Marthe, Marie et… Lazare.

Jean nous raconte une histoire assez longue et complexe pleine de tension dramatique. Marthe et Marie –  mentionnée déjà en Luc 10, 38-42 où elles offrent l'hospitalité à Jésus ont un frère jusque-là inconnu, Lazare, gravement malade. Les sœurs de Lazare le font savoir à Jésus qui se trouve près du Jourdain en lui demandant de venir au plus vite. Mais Jésus ne se presse pas; il semble minimiser la gravité de la maladie de Lazare - notre ami Lazare dort dit-il à ses disciples - et il reste sur place deux jours avant de se mettre en route. Lorsqu’il arrive enfin à Béthanie, cela fait déjà quatre jours que Lazare est dans son tombeau. Marthe court à sa rencontre et semble lui faire un reproche « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » (Jean 11:21). La suite du texte nous l’avons entendue …

Face à la mort

Dans un premier temps, le quatrième évangéliste fait bien de la mort une des grandes questions de ce chapitre. 

Hier, comme aujourd’hui, la mort nous laisse cruellement désemparé et Marthe – malgré la confiance illimitée qu’elle semble avoir en Jésus – n’échappe pas à ce tourment.  Jésus lui-même nous dit la suite du récit pleure devant le tombeau de Lazare.

Jésus encourage Marthe par une parole d’espérance: « Ton frère ressuscitera ! » et Marthe lui répond : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.» 

Beaucoup de gens devant la mort se satisfont de vagues généralités. 

  • « Je crois dans une vie après la mort. » 

  • « Nous allons à un endroit meilleur. » 

  • « Cette personne ne souffre plus maintenant. » 

  • « Il a quitté ceux qu'il aime, pour rejoindre ceux qu'il a aimé »


Voilà le genre de paroles que beaucoup de gens disent devant la mort. 

Mais l’espérance devant la mort peut-elle rester vague ou générale ? 

Même si comme pour Marthe est celle d’un-e croyant-e : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ! »


Jésus va aller bien plus loin que le catéchisme !

Il invite Marthe à dépasser le « Je sais »  pour aller vers le « Je crois ». 

Jésus veut lui enseigner quelque chose de très spécifique et de très personnel. 

Il l’invite à passer d’une croyance vague, qui ne console pas, à la foi qui qui nous fait découvrir Dieu comme une puissance de Vie devant laquelle la mort n’a pas de prise !

Il ne s’agit bien sûr pas d’opposer la foi et la raison, mais de laisser la raison être éclairée par la foi, et j’ai envie de dire la foi seule pour reprendre une formule de la Réforme. C’est la foi seule qui nous fait découvrir en Jésus ce Dieu venu incognito à la rencontre des femmes et des hommes qu’il a appelé à la vie.

Car lorsque Jésus dit :  « Je suis la résurrection et la vie. » il affirme bel et bien qu’il est ce « Je suis » qui s’est révélé autrefois à Moïse dans le buisson de feu ! 

Tout comme lorsqu’il affirme – et ses auditeurs en sont choqués : « Avant qu’Abraham fut, moi je suis. » (Jean 8:58) 

Tout l’Évangile de Jean rend témoignage à cette idée que l’on retrouve en de nombreux endroits : Dieu habite pleinement en Jésus! Personne d’autre que Dieu ne possède en lui-même la puissance de résurrection et la vie. 

Comme le Dieu d’Israël a été puissant pour délivrer son peuple de l’Égypte, 

Jésus est assez puissant pour nous délivrer même de la mort.

Cette idée que Jésus est Dieu parcourt tout l’Évangile de Jean depuis le prologue où l’évangéliste dit : « la parole était auprès de Dieu et la parole était Dieu ! » jusqu’à la réponse faite à Philippe qui demande à voir le Père : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, vous l'avez vu. » Jean 14)

Les déclarations qui commencent par Ego eimi n’ont pas d’autres buts : elles affirment qu’en Jésus réside la plénitude de la puissance divine. Et elle nous inviter à découvrir qui est ce Dieu qui se révèle qui se dévoile, ce Dieu qui est pain de Vie Bon Berger, Porte des brebis, Lumière du monde, Vigne ou chemin Vérité et Vie !


Ce matin Dieu se révèle en Jésus comme Résurrection et Vie.

Cela nous permet d’approfondir la question souvent posée : 

Qu’est-il arrivé au matin de Pâques? 

Par quel pouvoir Jésus est-il ressuscité des morts le matin de Pâques? 

Jésus, dans son tombeau était-il impuissant à se réveiller – se relever par lui-même ?

Quelqu’un est-il entré dans le tombeau pour secouer Jésus ou lui donner l’ordre de se lever? Un prophète est-il entré pour prier ou pour s’étendre sur son corps? 


Quand nous imaginons ce qui s’est passé à Pâques, nous pensons souvent que Jésus était passif quand il est ressuscité. 

En effet dans le livre des Actes, Pierre comme  Paul ne proclament-t-ils pas : « Ce Jésus  que vous avez crucifié… Dieu l'a ressuscité des morts ! «  (Actes 2, 32 et 13,30)

Les apôtres laissent entendre que Jésus a subi une mort injuste, celle d’une victime innocente, et que Dieu ne pouvait laisser ce juste au tombeau, C’est cependant passivement que le crucifié a attendu que Dieu intervienne pour le ressusciter. 

Après tout, c’est ainsi que les choses se passent lors de toutes les résurrections rapportées par la Bible. 

Et l’histoire de Lazare est un exemple parfait. 

Lazare est complètement passif dans son tombeau. Mort – et enterré - depuis quatre jours !

Le livre de Actes laisse entendre qu’il en est de même lorsque l’on parle de la résurrection de Jésus aussi !

Peut-être que Luc décrit des Apôtres encore imprégnés de la culture et de la foi hébraïque. Rien que de très normal que leur prédication aille dans le sens d’un intervention divine extérieure … au risque de faire croire que Jésus était un homme comme les autres, à l’image de Lazare, à notre image. 

Certes en prêchant la Résurrection de Jésus le troisième jour, ils dépassent  - et ce n’est pas rien ! – les représentation d’une Marthe, pour laquelle lorsqu’on est mort - comme son frère Lazarre- on ne peut plus qu’attendre passivement que Dieu nous ressuscite « au dernier Jour ».

L’évangéliste Jean qui écrit son Évangile plus de 20 ans après que les trois synoptiques aient été rédigés a sans doute a profondément médité le mystère de la résurrection et il nous invite à prendre de la hauteur comme l’aigle qui lui est attribué comme symbole:

Le chapitre 11 de son Évangile nous invite à faire une distinction claire entre ce  qui est arrivé à Lazare et la Résurrection de Jésus. Lazare est revenu à la vie, certes, mais que provisoirement. Comme tous les humains, il finira par être rattrapé par la mort. Cette résurrection n’est qu’un signe qui ne sert qu’à nous révéler qui est Jésus, celui en qui réside la puissance infinie de la Vie .

Jésus aussi connaîtra la mort, mais face à lui la mort sera sans pouvoir… la mort peut accrocher Jésus mais pas le retenir, car rien ne peut triompher définitivement de Celui qui est la VIE.

Voilà ce que signifie cette cinquième déclaration du Christ lorsqu’il dit 

Je suis la Résurrection et la Vie !


L’éclairage de l’évangéliste Jean nous fait voir la Résurrection de Jésus autrement que comme un événement ayant sa source en dehors de Jésus lui-même !

Certes, selon l’évangile selon Matthieu, un ange est venu rouler la pierre, mais c’était pour laisser entrer les femmes et les disciples, et non pour aider Jésus à sortir. 

Certes les Apôtres ont dit que le Père a ressuscité Jésus (Actes 2:24), mais ils s’adressaient à un auditoire composé majoritairement de juifs qui connaissaient bien leur tradition et il s’agissait de les convaincre de la Résurrection de Jésus !