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L'origine des Acclamations pascales

L'Acclamation pascale vient du chant de l'Alléluia, une pièce de musique liturgique d'ordinaire chanté avant la lecture de l'Évangile. Le mot « Alleluia » ou « Hallelujah » (en hébreu : הַלְּלוּיָהּ / , transcrit ἀλληλούϊα / allêloúïa en grec), signifie littéralement "louez le Seigneur" (« Louez Yah » – du tétragramme YHWH)1.

L'acclamation a eu de nombreux usages dans les liturgies primitives. Pendant le temps pascal (entre Pâques et la Pentecôte), l'acclamation est ajoutée à la fin de chaque antienne et répons de la messe.

Alléluia du cantatorium de Saint-Gall n° 359 (vers 922 - 925),
le meilleur manuscrit du chant grégorien réservé aux solistes

Vers 530, saint Benoît de Nursie fixa et précisa dans quelles périodes l'alléluia doit être chanté, pour la liturgie des Heures. À cette époque-là, celui-ci était déjà récité jusqu'à la Pentecôte :

« Depuis le saint jour de Pâques jusqu'à la Pentecôte, on dira tous les jours alléluia, tant aux psaumes qu'aux répons. ......... Tous les dimanches en dehors du Carême, on dira avec alléluia les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none. Les vêpres se diront toujours avec antiennes. Quant aux répons, ils ne se diront jamais avec alléluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte. »

Selon Robert Le Gall, l'Alléluia qui ponctue nos liturgie tire son origine de l'acclamation hébraïque qui joint à l’impératif de la deuxième personne du pluriel du verbe hâlal (« louer ») le diminutif de Yahvé : hallelou-Yah ; elle signifie donc littéralement : « louez Yah » « louez Yahvé ». On la trouve vingt-trois fois dans les Psaumes, et uniquement en eux, dans la Bible hébraïque ; elle encadre les Psaumes 105, 112, 134, 145-150, auxquels elle sert d’inclusion. Noter qu’elle semble se multiplier, à mesure que l’on arrive à la fin du Psautier, au moment où la prière inspirée d’Israël se résout progressivement dans la jubilation pure. La liturgie juive, comme la liturgie chrétienne, qui utilisent largement, l’une comme l’autre, le livre des Psaumes, ne pouvaient manquer d’adopter l’ Alleluia pour en faire un des refrains les plus simples, soit au début et à la fin des Psaumes, soit comme refrain au cœur de la psalmodie (voir Antienne). L’Église latine en a fait le refrain très orné du Psaume que l’on chante avant l’évangile : dans le Chant grégorien, la mélodie développe longuement la dernière syllabe qui est, comme il vient d’être dit, le diminutif du Nom même de Yahvé ; cette complaisance musicale, sorte de plus-être dans l’ordre de l’expression, porte le nom de jubilus (voir une raison pratique au mot Prose). Cri de jubilation de l’Église, l’Alleluia donne le ton de toute la liturgie ; dans le temps pascal surtout, il revient constamment ; en signe de pénitence, on l’omet durant le Carême.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

La résurrection, une «histoire de bonne femme» ?

他齊
He Qi

復活
Resurrection

La résurrection

Aïe, je sens que je vais avoir des ennuis… Au moment où l’élément féminin domine au Conseil fédéral parler de « bonne femme » n’est pas vraiment politiquement correct. Ni religieusement d’ailleurs, car voyons un peu qui est là, en ce petit matin de la première Pâques. Elles s’appellent Marie. Une, deux, trois voire quatre Marie à en croire les Evangiles. Des « bonnes femmes ? » La tradition chrétienne en a fait des femmes de mauvaise vie ou … des saintes.
Ces «Saintes Maries» que la légende dorée de Jacques de Voragine a fait débarquer en Camargue dix ans après la mort du Christ. Parmi ces Marie, la cheffe de file est  – les quatre évangélistes sont unanimes sur ce point - Marie de Magdala. Jésus en aurait chassé sept démons comme autant de péchés capitaux. Un pas de plus, rapidement franchi par les théologiens mâles des premiers temps de l’Eglise, a permis de faire de Marie de Magdala la prostituée répandant son parfum sur les pieds du Christ.

他齊
He Qi

到達墳塋的婦女

Women arriving at the tomb

Les femmes au tombeau

Tant qu’à prêter aux légendes, faisons des autres Marie des pécheresses au moins aussi triviales que la Madeleine : Marie Salomé ne serait-elle pas la danseuse lascive et coupeuse de tête qui a mis fin à la carrière de Jean-Baptiste et Marie Jeanne ne serait-elle pas le parangon de ces femmes malades et hystériques qui prouveraient s’il le faut que la religion est une affaire d’homme et qu’il faut se méfier des femmes ? Et pourtant  leur message a bouleversé le monde, renversé l’Empire et transformé le destin d’innombrables humains. On le sent bien : la résurrection n’a rien à voir avec une « histoire de bonne femme » puisqu’elles ont aux yeux des hommes une réputation plutôt douteuse…

他齊
He Qi

他在没有那里
he is no there
Il n'est pas ici

La résurrection c’est bien plutôt une histoire de femme que l’amour a transformé. Oh pas cet amour hypersexué que distille notre société qui perd ses repères, mais cet amour qui relève, qui répare, qui guérit. La résurrection c’est l’histoire d’un amour plus fort que la haine. L’histoire d’un pardon plus fort que le mépris. L’histoire d’une vie plus forte que la mort. La résurrection ? Rien à voir avec un conte pour personnes enfantines, naïves et peu éduquées. C’est bien plutôt une histoire qui remet l’esprit à l’endroit, qui rend aux femmes et aux hommes leur dignité, qui communique l’audace de la foi, la force de l’espérance et le courage de l’amour.

他齊
He Qi

他上升

He is risen
Il est ressuscité

Et ce ne sont pas des « bonnes femmes » qui nous le disent, mais des femmes conduites par un tel amour. La résurrection qu’elles annoncent n’a rien d’une légende, c’est leur expérience personnelle d’une vie nouvelle accordée par  Jésus. Une expérience amplifiée à l’infini par la rencontre inespérée et inattendue au fond d’un jardin de Celui qui, triomphant de la mort, a ouvert au matin de Pâques les portes de la vie éternelle. Joyeuses Pâques ! Marc Horisberger  

Demain, dès l'aube...
Variations pascales sur un poème de Victor Hugo

Demain, dès l'aube,
à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai.
Vois-tu,  je sais que tu m'attends.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.  
J'irai par les étroites venelles
De la vielle Jérusalem
Ma ville qui tue ses prophètes,
Mon monde qui préfère les ténèbres
À l’éclatante lumière de ton amour.  
J'irai par la montagne à la recherche
Du feu qui brûle mon âme.
Je retrouverai au désert le rocher
d’où jaillit la source de la vie éternelle.
Je verrai la pierre inerte se faire rouler
Par le premier rayon de soleil
De l’aube nouvelle d’un temps nouveau.
Je verrai les gardiens de la mort
Morts de peur devant le triomphe de la Vie.

Demain, dès l'aube,
A l'heure où blanchit la campagne,
Je repartirai.
Vois-tu, je sais que tu es avec moi
Je ne puis demeurer loin de toi
Car partout où je serai, tu es là. 
Je marcherai les yeux fixés sur toi,
Sans rien voir au dehors, si ce n’est
L’image du gardien d’un jardin céleste
Sans entendre aucun bruit,
Si ce n’est mon prénom résonnant dans ta bouche
Seule, inconnue, mais le dos redressé,
Les mains levées, les mains actives.
Heureuse d’une joie imprenable
et la nuit pour moi sera comme le jour.

Marc Horisberger Pâques 2011

Temps du Carême, Temps de Pâques,
Du temps pour méditer sur la vie ...  ses blessures...

... et la Résurrection !

La nuit où il fut livré...

Quoique… on dit bien
« Verser le sang »
pour « prendre la
vie de quelqu’un » ;
alors
« verser son sang »
ne veut-il pas dire
« donner sa vie » ?
Je ne pensais déjà
plus à mon souper
quand je l'entendis
dire encore: "Que
celui qui a
une bourse la
prenne, de même
celui qui a un sac.
Et celui
qui n'a pas d'épée
qu'il vende son
manteau pour
en acheter une…

Deux des hommes se levèrent et dégainèrent deux glaives bien aiguisés:

Maître nous avons deux épées! Le maître parut surpris et leur dit: -   Cela suffit!
Qui étaient ces gens? Des bandits? De ces zélotes qui ne pensent qu'à chasser
les Romains d'ici et qui ensanglantent le pays à force de provoquer l'occupant par
leurs actes terroristes? J'étais bien décidé à en savoir plus et je m'installais
confortablement sur une poutre dans un coin sombre pour voir ce qui allait arriver.
Au même moment le petit rat que j'avais filé jusqu'ici profita d'une porte
qui s'ouvrait pour s'enfuir…



J'aperçu aussi une forme humaine qui se glissait par la porte et me dit: Tiens où est-ce qu'il va celui-ci ?
Après avoir mangé, les hommes chantèrent des cantiques puis l'un après l'autre, respectant un court intervalle, ils sortirent. Je me décidais à suivre le maître…
Il était parti avec ceux qui avaient les épées et j'entendis l'un d'eux dire, la main sur la poignée de son épée:
 -  Seigneur tu le sais, je suis prêt à aller en prison avec toi et à mourir pour toi!
Mais le maître répondit:
-  Pierre, le coq ne chantera pas ce matin avant que tu aies affirmé par trois fois que tu ne me connais pas!

Judas, dit le
maître c'est en
m'embrassant
que tu me trahis?
Alors celui qui
répondait au nom
de Pierre dégaina
son épée et frappa
le premier venu
à qui il emporta
l'oreille.
Remarque, c'est
à ce moment
que j'ai compris
qu'il n'était pas
un brigand…
Un vrai méchant
n'aurait pas raté
le milieu du crâne!
Et je me suis dit
aussi qu'un baiser
peut faire bien plus
de mal qu'une épée.

Le maître parut surpris et lui dit: -   Cela suffit!  Puis il toucha  l'oreille de son
adversaire et le guérit.

Tout le monde était stupéfait. Il dit alors:
 -   Vous êtes venus de nuit avec des épées et des bâtons comme si j'étais un brigand.
Pourquoi ne m'avez-vous pas arrêté en plein jour quand j'enseignais dans le Temple?
Mais cette heure est à ceux qui sont dominés par la puissance de l'obscurité!

Je me suis senti visé, tu penses bien, moi qui ne supporte pas la lumière du jour,
mais j'ai l'impression que l'homme s'est tourné vers moi comme s'il voulait me
dire que lui aussi pouvait voir clair dans la nuit la plus profonde.

Les pleurs ...

Cette nuit-là, je ne l'oublierai jamais. Moi qui ai pour habitude de réveiller tout le monde, et même le pouvoir de faire se lever le
soleil, un bruit insolite me tira en plein milieu de la nuit du demi-sommeil auquel je m'étais laissé aller. C'est le cliquetis des épées que j'entendis en premier. Inhabituel dans le palais du Grand-Prêtre. Et puis je les vis, ils avançaient avec des torches qui déformaient leurs visages. Certains portaient à la ceinture un gros bâton. Et puis soudain apparut au bout d'une corde, un homme.
Ce qui m'a tout de suite impressionné, c'était son calme.
Les autres étaient excités ou nerveux,
ils avaient peur d'on ne sait quoi, le prisonnier, lui paraissait en paix.
Quand le cortège entra dans le palais, je vis une ombre se faufiler par la porte.
Tiens, tiens, celui-là ne me semble pas vouloir se mêler aux autres me dis-je…
que vient-il faire là? Lui aussi portait une grande épée, mais je vis tout de suite
que ce n'était pas un soldat. Qui alors? Un voleur? un bandit? Mais alors il a mal
choisi son moment pour cambrioler le palais, que je me suis dit. Je le vis lentement
détacher son ceinturon et l'épée glissa par terre en lançant un petit éclair en ma direction;
comme un clin d'œil. Cette fois j'étais tout à fait réveillé.
Et du haut de mon perchoir je ne perdis plus rien de la scène.
L'ombre s'était rapprochée et avait fini par se mêler à la foule des serviteurs
qui étaient tous descendus dans la cour, sortis du lit comme moi de la paille,
 par toute cette agitation. Ils avaient allumé un feu car il  faisait un froid de
canard cette nuit-là.

Hé, cet homme aussi était avec lui! dit une servante en désignant l'ombre sur le visage de laquelle dansait des éclats de lumière

Mais l'homme rétorqua:
Non je ne le connais pas!

Un peu plus tard, un autre qui dévisageait l'ombre depuis un moment lui dit:
Toi aussi tu es l'un d'eux! Je reconnais ton visage!

Commençant à s'énerver, l'ombre répondit:
Non je n'en suis pas! 

Moi, la gorge commençait à me chatouiller,
j'avais envie de crier qu'on lui fiche la paix!
Mais c'est comme si une force m'interdisait de voler au secours du pauvre homme…

Un troisième serviteur vint alors se camper devant l'ombre et dit
Ca c'est sûr! Cet homme était avec lui, d'ailleurs il a l'accent de la Galilée!

Au même moment celui que la troupe avait amené devant le Grand Prêtre au bout d'une corde sortit du palais entre deux gardes et regarda dans ma direction.

Et j'entendis sortir de ma gorge un chant Et je vis l'ombre se redresser, comme interloqué… Il me regardait, puis regardait du côté du palais… On aurait dit qu'il voulait m'égorger On aurait dit qu'il voulait prendre la corde du prisonnier pour se pendre…

Puis je le vis s'éloigner et replonger dans l'obscurité. Je crois bien que c'est la seule fois que j'ai vu un homme pleurer.

... et le pardon

J'aime le pain… C'est sans doute pourquoi, quand je l'ai vu arriver ce matin là, un peu avant
l'heure où les pêcheurs reviennent de la pêche, je me suis réveillé. En fait l'homme sentait
le pain, comme s'il était lui-même qu'un grand morceau de pain. Cela m'a intrigué et de
petits bonds en petits bonds je me suis approché tout doucement, en l'observant de
mon œil droit, puis de mon œil gauche. Je crois bien qu'il m'a regardé lui aussi,
tout en allumant un feu. C'est qu'au petit matin sur les rives du lac de Galilée,
il fait plutôt frisquet…

L'homme paraissait connaître l'endroit, comme s'il y était déjà venu souvent.
Moi je ne l'avais encore jamais vu, mais il faut dire que je n'ai que quatre mois.
Déjà le soir précédent j'avais été surpris de voir sept robustes gaillards sortir de je ne sais où!
-   Je vais à la pêche!  avait dit l'un d'eux et les six autres avaient répondu en chœur:
nous aussi nous allons avec toi. Et ils s'étaient permis de prendre le bateau sous lequel
j'avais l'habitude de me cacher la nuit. Mon bateau, non mais ne vous gênez pas!
Moi je croyais qu'il avait été abandonné là, mais eux avaient l'air de bien le connaître.
J'entendis quelqu'un dire: - Allons vers la crique de Zébédée, là-bas il y a toujours du poisson.
Et puis ils s'étaient enfoncés dans la nuit, à petits coups de rame réguliers, avec leurs filets
et leurs lampes qui serviraient à attirer les poissons. Maintenant, c'était l'homme sur la plage
qui les regardaient revenir.. Comme s'il les attendait, comme s'il les attirait.
-  Eh oh les enfants, avez-vous pris du poisson? "Non" crièrent les pêcheurs. Rien du tout!
On aurait mieux fait de rester à la maison. L'homme leur dit:
- Jetez vos filets du côté droit de la barque et vous en trouverez!
Sur la barque, cela discutait ferme, mais finalement, ils jetèrent les filets.
 Curieux je m'étais approché d'eux, même que je n'aime pas m'aventurer au-dessus
de l'eau. Et bien je peux vous dire que je n'avais jamais vu cela.
Le filet était tellement rempli de poissons que les sept costauds n'arrivaient plus
à le remonter dans la barque. Quand je suis revenu sur la plage, je vis sur le feu
des poissons en train de rôtir. Ah ben ça alors! Où est-ce que l'homme avait été
les pêcher ceux là? Quand les pêcheurs arrivèrent sur la grève, personne n'osait
demander à l'homme qui il était. C'est comme s'ils retrouvaient un ami perdu.

L'homme distribua les poissons et partagea le pain. Ah je vous dis pas comme il était bon! L'homme demanda alors à celui qui avait entraîné les autres dans cette partie de pêche:
- Simon, qui m'aime le plus fort? Toi ou les autres?
Un nuage passa sur le front de ce Simon.
- Oui Seigneur, tu sais que je t'aime ! -        
Veille sur ceux que j'aime lui dit l'homme.

Puis une deuxième fois il lui demanda: 
- Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?
Baissant la tête il répondit :
 - Oui Seigneur, tu sais que je t'aime !
Alors l'homme lui dit:
- Prends soin de ceux que j'aime.

Puis une troisième fois il lui demanda:
- M'aimes-tu? Alors une profonde tristesse inonda
le visage de mon Simon Mais soudain,
il se redressa et répondit avec des
larmes dans les yeux:

-  Toi qui lis jusqu'au fond des pensées, tu sais bien que je t'aime.

A ce moment-là, le soleil apparut et les ombres disparurent.
Jamais je n'oublierai ce matin-là sur cette grève...
Parole de …

Traces de clous                             Pâques 2010

Cela ne fait plus l’ombre d’un doute !
Jésus a été arrêté et jugé.
Un procès religieux mené dans l’urgence
Au milieu de la nuit, Au domicile du Grand Prêtre
Le cœur battant de la Jérusalem terrestre
Il faut faire vite
Si on veut se débarrasser de l’imposteur
De cet homme qui se prend pour le Seigneur !

Cela ne fait plus l’ombre d’un doute !
Jésus a été condamné et crucifié
Un procès civil, guidé par la raison d’Etat
Pilate applique les règles de la justice terrestre :
Cet homme est innocent mais il faut le mettre à mort
Comme l’agneau pascal pur et sans tache âgé d’un an
Que demain les prêtres sacrifieront
Pour que le Dieu de leur religion les libère
De l’esclavage subi et des péchés commis.  

Devant la croix plane l’ombre du doute
Qu’en est-il du Tout Puissant
Impuissant à sauver son Fils bien-aimé
Des clous qui déchirent son corps
Où est ce Dieu d’amour que chantent
Mille anges divins et autant de Séraphins
Dans la nuit douce du premier Noël

Dans le doute abstiens-toi…
Thomas, qui a tout abandonné
Pour suivre le charpentier de Nazareth,
N’abandonnera pas sa raison
Pour suivre ses amis  qui parlent de résurrection.
Qu’y a-t-il après la mort ? après cette vie ?
Ne comptez pas sur moi pour vous le dire
Et encore moins pour vous croire sur parole

Dans le doute abstiens-toi !
Voir le Seigneur n’est pas suffisant
Je dois voir la trace des clous dans ses mains
La trace de la déchirure,
Miroir de ma blessure
Et voir ne suffit pas,
Je dois toucher
Et même toucher ne me contenteras pas
Car je ne me laisserai pas convaincre par mes sens
Qu’un Crucifié peut ressusciter
Dans le doute abstiens-toi !  

Dissipe tes doutes, avance ton doigt !
Ecoute celui qui t’a entendu et crois !
Touche si tu dois toucher,
Regarde si tu as besoin de tes yeux
Goûte mon corps et mon sang
Dit le parfumé de Béthanie
Qui fut trop humain pour mépriser
La panoplie des sens

Dissipe tes doutes, Avance ton doigt  
Accorde à la foi le bénéfice du doute
le Christ est ressuscité
Vois les traces des clous
Ces traces d’un amour infini
Qui libère ta raison
Guérit tes blessures
Ouvre un chemin d’espérance
Accorde à la Résurrection le bénéfice du doute 
                                                                                






















Le Caravage  Incrédulité de Saint Thomas














L'apparition à Saint Thomas  Notre Dame de Paris


















Michel Ciry, Incrédulité de Thomas 

Vérité de la Croix, vérité de la Résurrection  Pâques 2007

Qu’est-ce que la vérité ?
Elle est célèbre cette réplique du gouverneur romain Pilate
chargé de juger Jésus (Jean 18 :38). Pilate n’attend pas de réponse.
Le mensonge, comme nous tous, il connaît, mais la vérité ?
La Vérité est devant lui, mais il ne la voit pas. Il ne la cherche même plus.

La vérité qui se tient devant Pilate a deux faces :
La première c’est celle de la croix. Tôt ou tard tout être humain finit
par se cogner contre cette maudite poutre qui fait de la vie une croix.
La maladie. Un accident. La mort d’un être cher. Une carrière brisée.
Le chômage. Un divorce. L’exclusion. Le handicap. La vieillesse.
Et au bout… la mort. La croix nous ramène à la vérité de notre condition humaine.
Nous sommes pauvres, faibles, fragiles et nus. Mais la croix est comme une antenne,
par laquelle nous pouvons capter un message de Dieu.

La vérité de la croix ne nous sauve pas de la souffrance,
mais de son non-sens et de son inutilité! La deuxième face de la vérité,
c’est celle de la résurrection. Celle de la chenille qui rampe et se traîne
sans savoir qu’en elle une vie germe, une vie dont elle n’a même pas idée.
Impossible de parler de la résurrection autrement qu’en image,
mon esprit de chenille est trop limité pour imaginer au-delà du cercueil
de la chrysalide la vie qui fera éclater le tombeau et libérera le papillon.
La vérité de la résurrection reste un mystère, elle se dessine en creux,
en tombeau vide, en questions, mais aussi en légèreté et en liberté.
La vérité c’est que la résurrection n’est pas un mystère opaque,
elle est un mystère lumineux qui fait éclater les couleurs de la foi,
de l’espérance et de l’amour. La résurrection est comme une échelle
qui nous permet de nous élever au-dessus de notre condition présente
pour que l’on voie …ce que Pilate ne voyait pas ! Joyeuses Pâques !

Il n’y a pas très longtemps,
j’ai reçu la première photo de Pascal.
Une photo envoyée par sa maman
qui sortait de l’hôpital.
Une photo noir-blanc où, à vrai dire,
 je ne voyais pas grand-chose.
Mais la maman de Pascal était aux anges !
Elle ne parlait que de ça !
Elle l’avait vu. Pour la première fois :
son bébé !
Enfin, son futur bébé, un bébé à naître.

Moi, sur la photo, j’avais surtout vu du noir.
Mais pour elle, pas de doute, il était là, en elle.
Et il grandissait jusqu’au moment où il verrait le jour.
Et déjà, elle l’aimait, ce petit qui poussait en elle.

On aimerait bien savoir, nous aussi, un peu à l’avance,
Ce qu’il y aura après… On aimerait bien toucher, sentir…
Comme Madeleine à qui Jésus dit : ne me touche pas !
Ou Thomas invité par le Ressuscité à mettre le doigt dans les plaies.
On aimerait croire à la Résurrection, à la vie éternelle,
Et pourtant tout semble aller à l’envers.
Mon corps s’alourdi et perd son éclat,
Je m’essouffle et me retrouve cloué sur un fauteuil roulant
Ou au fond d’un lit, l’esprit lourd de soucis et d’angoisses.
 
Et pourtant la vie est là. En moi elle grandit,
Patiemment, fermement, inlassablement, silencieusement.
J’ai manqué ses débuts imperceptibles, et je ne la vois pas.
Et pourtant elle est là, cette vie qui agrandit mon être !
C’est pour cela peut-être que je m’alourdis, mais
Déjà il m’est donné de la percevoir, de la ressentir,
Cette vie qui éclatera un jour en pleine lumière
Dans un grand jaillissement de tendresse et de joie.

Elle est comme ça …la Résurrection !
On y pense pas au début, et puis on la sent en nous,
Cette foi qui prend racine au plus profond de nous-mêmes
C’est elle qui nous met en espérance, et nous fait voir
Ce qu’aucun œil n’a pu contempler jusqu’ici,
La gloire du Fils de Dieu, la gloire de l’agneau pascal.

Joyeuses Pâques !

La vérité n’a pas de mots, elle se lit les yeux dans les yeux.

Dans le célèbre tableau de Jérôme Bosch peint sur un rond de table,                                      
« Les sept péchés capitaux »  (Prado, Madrid) 
Le Ressuscité apparaît au centre d’un iris, entouré de la ronde d’un monde pitoyable.

Orgueil, Avarice, Envie ou Gourmandise
Colère, Luxure et Paresse qu’on se le dise
Caractérisent si bien ce que les humains
Privilégient en façonnant leur piètre destin

Et c’est sur cette humanité que tu as l’œil ouvert*
C’est pour elle que le Fils a quitté le Père
Pour tous ces Pilate cyniques et dépités
Qui demandent : Qu’est-ce que la Vérité ?

Garde-moi comme la prunelle de ton œil**
Je suis sur mes gardes*** pour éviter les écueils
Du laisser-aller, du cynisme et du désespoir                                                      
qui dominent ce monde plongé dans le noir

Comme le soleil aux aurores de Pâques
Repousse, des forces obscures, l’attaque,
Vivant, humble et glorieux, le Ressuscité
Efface par sa lumière les ombres de la vanité

Celui qui a connu la tristesse et l'hébétude
Offre à ceux qui le regardent la plénitude.
Voici l’homme ! En vérité il était Fils de Dieu !
La vérité n’a pas de mots, elle se lit les yeux dans les yeux.

*Job 14 :3  **Ps. 17 :8
*** l’inscription sur l’iris signifie «Sois  sur tes gardes»
*** l’inscription sur l’iris signifie 

Le Christ Ressuscité et les Saintes Marie au Tombeau Fresque (181 x 151 cm) peinte entre 1439-1443 dans le couvent San Marco à Florence Cellule No 8 

      


Il est assez facile pour nous d’imaginer ce qu’a pu être la croix.

En effet, il n’y a pas de jour qui passe que l’on entende qu’ici ou là dans notre monde,
des hommes, des femmes, des enfants sont enlevés torturés, exécutés, violés, assassinés.

L’injustice, la barbarie de ce monde, nous y sommes comme habitués…
Les maladies, les physiques, les psychiques, la lèpre, le SIDA, la malaria,
les Alzheimer, les Parkinson, les Scléroses de toutes sortes,
ce sont des monstres, mais des monstres si familiers…

Alors quand on contemple la croix, ce drame d’un innocent
condamné et exécuté provoque notre émotion, mais pas notre surprise…

***
Il est assez facile pour nous d’imaginer ce qu’a pu être la croix.
Mais comment se représenter ce qu’a été la résurrection ?...

On pourrait se baser sur l’image du Saint Suaire de Turin,
qui suggère que la résurrection a été quelque chose de fulgurant, de brûlant.
Vous imaginez: le cadavre du Christ, encore figé dans les raideurs de la mort,
qui traverse en s’élevant le drap qui l’enserre et qui brûle les fibres textiles
laissant sur le tissu les traces du corps et surtout du visage du «Jésus selon la chair».
La résurrection comme un flash prodigieux,
une sorte d’implosion créant du vivant à la place du néant.

Hélas, je ne suis pas convaincu par le suaire de Turin…
Comme toutes les reliques du Moyen-Age,
le Suaire ne peut satisfaire ni ma raison ni ma foi.
Car ma foi résiste à tout ce qui ressemble à une « preuve ».
Sinon, est-ce que ce serait encore de la foi ?

Après la brutalité de la croix, j’aimerais mieux prêter à la résurrection,
plutôt qu’une réaction atomique et chimique, la douceur du réveil au petit matin,
comme un chat qui s’étire… une patte après l’autre et puis tout le corps
en avant puis en arrière…

Toujours est-il que personne n’était là au moment de l’événement,
si ce n’est des gardes assoupis, comme morts… nous dit l’Evangile de Matthieu.

Alors, il faut bien le reconnaître : Aborder la résurrection, c’est entrer dans
l’indicible et dans l’infini, dans l’inattendu et l’inouï.

Passé le Golgotha, c’est la Terra incognita, tache blanche sur la
 carte de la raison humaine.

Comment figurer cette sortie de l’espace et du temps qui ouvre aux humains
un chemin d’éternité vivante ?

A tous les suaires, je préfère la vision, l’inspiration, la révélation,
le témoignage des artistes chrétiens… Des artistes bien prudents d’ailleurs.
Imaginez : Il a fallu près de cinq siècles aux artistes chrétiens
pour qu’ils se risquent à représenter le visage du Christ et dix siècles
pour qu’ils se risquent à représenter la résurrection…

Des représentations qui ont contribué à façonner l’image que
nous nous en faisons nous-mêmes aujourd’hui…

Ainsi en est-il de celle de Fra Angelico, moine dominicain
qui a orné les cellules du Couvent San Marco à Florence
de ces fresques sublimes représentant des scènes de la vie du Christ.
Dans la cellule No 8, on y découvre avec saisissement la vision du ressuscité :

Regardez ces femmes, qui tôt le matin, sont là, au Jardin où,
dans un tombeau neuf, le corps du Seigneur avait été déposé…

Fra Angelico en a figuré quatre… un groupe de trois femmes dont deux
portent les « aromates », les huiles parfumées servant à embaumer le corps du mort.
Une quatrième femme est  légèrement détachée du groupe.
D’une main, elle s’appuie sur le tombeau, comme s’il lui fallait reprendre pied
devant le choc que produit sur elle, le tombeau vide.

Ce tombeau, le peintre l’a représenté non pas comme une grotte,
ou une caverne fermée par une pierre ronde « Qui nous roulera la pierre ? »
mais sous la forme d’un sarcophage, peut-être plus contemporain,
mais surtout seul élément de la composition qui comporte des angles et des arrêtes.
Des angles qui marquent la brutalité, le côté tranchant et la violence de la Mort.
Le marbre contraste aussi avec les tissus, exprimant un contraste extrême 
qui met face à face la dureté de la pierre et la douceur des tissus, abondants
qui revêtent les femmes, l’ange, le Christ en gloire et même le mystérieux
personnage qui se tient en bas gauche de la fresque.

***
La femme qui, une main sur le front, l’autre sur la pierre froide et dure,
contemple l’obscur néant du tombeau vide est Marie de Magdala. Marie-Madeleine,
comme on la surnommera familièrement plus tard. Son regard traduit la surprise,
l’accablement, la tristesse. Un visage ostensiblement tourné vers ce qui est en bas…
vers le puit sans fond de la mort.Que pouvaient-elle espérer ?
Que pouvaient espérer ses compagnes :
Regardez-les… Il y a là : 

- Jeanne, l’aristocrate, qui a appris à relever le pan de sa robe pour ne pas
s’encoubler ou lui marcher dessus. Jeanne,  femme de Chuza,
intendant d’Hérode, nous dit Luc (8:3), femme du ministre de l’intérieur
dirait-on aujourd’hui.
- Marie … de Jacques femme, mère, fille de Jacques, l’Evangéliste
marque une hésitation… il ne sait plus très bien. Marc lui l’avait appelé
Salomé, mais quinze après, Luc hésite…
Serait-ce la même Salomé qui avait en son temps demandé la tête de
Jean-Baptiste, sur un plat (en argent svp! et toc).
Mais pourquoi pas? Avec Marie-Madeleine, elle formeraient une belle paire...
la où le péché a abondé... la grâce surabonde...
On ne se souvient jamais assez de la recommandation de Luther:
Pecca fortiter Pèche abondamment...


Et il y avait encore d’autres femmes avec elles… Combien ?
Fra Angelico en a ajouté une seule
-  une anonyme qui représente toutes les autres femmes…
La mère de Jésus ? On s’étonnerait alors  qu’elle ne soit pas nommée…
Mais passons !

Marie et ses compagnes croyaient sans aucun doute à la résurrection.

Comme on croit à un catéchisme ! Parce qu’on nous l’a dit !
Et répété. Et que cela fait partie du paysage religieux.

Le Judaïsme du temps de Jésus confessait la «résurrection des morts»
sauf les saducéens libéraux qui plus «cultivés» se croyaient plus lucides en la niant !

Il n’en demeurent pas moins que « quand les femmes, de grand matin, vont au tombeau »
c’est avec des aromates, pour embaumer un mort. Un mort sans appel, mort dans une abominable agonie, dans le plus extrême désespoir qui aurait fait douter le plus croyant de l’amour de Dieu.

Le Christ lui-même n’avait-il pas douté de la Vie quand il avait poussé
ce cri si bouleversant qu’il nous est toujours donné d’entendre
dans la V.O.(version originale) :  Eli Eli lama sabachtani…
Des paroles qui ne laissent poindre aucune résurrection à l’horizon.

Au matin de Pâques, l’hypothèse que le crucifié ait pu ressusciter n’est décidément
pas à l’ordre du jour !! Même le regard empreint d’intelligence
de la femme en rouge que j’identifie comme étant Jeanne… cherche à comprendre,
mais reste hésitant… 

 L’accablement, la tristesse, le trouble, l’hésitation, les visages de ces
quatre femmes expriment les sentiments qui agitent bien des cœurs encore aujourd’hui…
Comme si les croyants – et les non-croyants de ce temps n’étaient pas plus
avancés que les premières spectatrices du tombeau vide !
Parce que voyez-vous ,Fra Angelico, le sublime moine dominicain
qui prétendait ne pas savoir parler, nous le fait comprendre…
Personne, jamais, devant le mystère de la Résurrection n’a de l’avance… 

A chaque génération, la surprise est la même devant l’inattendu !
Devant le vertige de la Résurrection !

***

Et, je le crois, à chaque génération, il faut un ange, un messager,
au message si fort, au message si convaincant qu’il nous fait entrer
dans une nouvelle dimension, la dimension diaphane de l’Esprit.
Il faut un ange pour nous permettre de faire ce transit de la vie vers le
cœur qui sait saisir l’insaisissable, comprendre l’indicible.

Il faut un ange… et regardez-le, l’ange de Fra Angelico l'ange du "frère angélique!"
comme le surnomaient ses propres confrères... Regardez son aisance,
sa désinvolture… regardez sa position inconvenante, surtout pour un ange
qui devrait être un modèle de perfection…

Assis sur un sarcophage ! Allez donc ! Saint Ange ! On ne badine pas avec la mort ! 
Debout, un peu de respect. On ne s’assied pas sur une tombe !

L’ange ne se laisse pas désarmer par de tels reproches. Il est tout entier tourné
vers les femmes. Il sait pourquoi elles sont là : Et il précède leurs questions :

 Pourquoi cherchez-vous parmi les morts, celui qui est vivant ? 

 Il n’est pas ici, il est ressuscité…

Fra Angelico en deux gestes a tout rendu visible : regardez les mains de l’Ange :
la première désigne le vide du tombeau : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts…

…Celui qui est vivant ?... La deuxième main désigne celui que les
femmes dans leur accablement ne peuvent pas voir et qui pourtant
est juste au-dessus d’elles…

… le Christ.

Le Christ qui est «au ciel» !  Les nuages qui masquent le bas de son corps en témoignent…
Le Christ n’appartient plus à cette terre, mais à la sphère divine, symbolisé par
la mandorle cette ellipse en forme d’amande, en forme de graine, symbole de la vie
contenue, enfermée, mais prête libérer son énergie… 

Le Christ qui est «au ciel» et pourtant … si près de nous, car le ciel, vous le savez,
commence sous nos pieds…

Et il suffirait à  Marie Madeleine de lever les yeux en se retournant,
en se « convertissant » d’un demi-tour, pour qu’elle voie son Seigneur…
il lui suffirait de lever les mains pour qu’elle puisse embrasser ces pieds
qu’elle a mouillé de ses larmes et essuyé de ses cheveux.

Christ ressuscité… si loin… et si proche.

Il tient dans sa main droite, la palme de la victoire et dans la gauche
l’étendard de la croix… Regardez, ce drapeau qui flotte au-dessus de lui,
c’est la bannière de l’empereur, du roi, du Seigneur… Ce drapeau que les
Américains ont triomphalement planté sur le désert de la lune  - ou il n’y a pas de vent, 
ce qui fait qu’ils ont du planter un drapeau qui fait semblant de flotter !
– le Christ l’a planté dans le désert de l’oubli, sur le néant de la mort ! 

A la suite des Evangiles, Fra Angelico a voulu montrer
que la mort a été vaincue par la croix…
pas par la résurrection !! La mort a été vaincue parce que le Christ est entré
en elle et l’a inondée de sa vie d’une manière irrésistible. Devant la vie qui est
entrée dans son néant, la mort s’est comme effacée.

C’est ainsi que Fra Angelico voit la résurrection… 

Et, la résurrection, il l’a vue littéralement !
 
C’est ce que l’on découvre en observant le personnage qui se tient dans le
bas droit de la composition, au coin, à genoux, comme s’il s’agissait
d’une intrusion involontaire dans la scène, vous savez, la personne
que l’on avait pas vu quand on a pris la photo et qui se retrouve dessus
au moment du tirage : tiens, il était là aussi lui ?

On pourrait penser qu’il s’agit de Pierre… qui doutant de ses doutes va,
et même « court au tombeau » comme piqué par un étrange aiguillon :
« Mais n’ayant vu que les linges seuls, il se retira et s’en alla
s’étonnant de ce qui était arrivé… »

Pour chacun, le chemin qui conduit à la foi est différent… un ange,
un tombeau vide, des bandelettes, une parole, un geste…
les Evangiles témoignent de la diversité des signes qui suscite la foi,
une foi qui se construit et s’affermit progressivement en passant par
toute sorte de stades à commencer par celui de l’étonnement. 

Mais revenons au personnage : S’agit-il vraiment de Pierre?
Ce qui milite pour cette interprétation, c’est l’auréole…
mais on peut aussi en douter, car d’une part Pierre n’était pas là en
même temps que les femmes et surtout, l’habit que porte le personnage
est celui d’un moine dominicain ! 

Dans ce personnage, c’est le peintre qui s’est représenté lui-même !
C’est son propre visage – si différent de l’iconographie traditionnelle
représentant l’apôtre Pierre - qui contemple la scène.
Une contemplation bien plus intérieure qu’extérieure.

Fra Angelico s’est glissé dans sa fresque… et avec lui,
c’est nous qu’il veut entraîner…
Si lui y était, à la Résurrection, pourquoi pas vous ?
Car la Résurrection est faite pour vous… cette vie qui envahit la mort de sa présence.
Cette présence diaphane mais bien réelle vous est donnée à contempler,
à effleurer du bout des doigts, car comme on le chante dans la liturgie :

Christ est venu,
Christ viendra,
Christ est là




   

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