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Culte du 3e dimanche après l’épiphanie

30 janvier 2022– Clarens 10h.15

Accueil de l'organiste Christian Gerber


Lectures du jour

Prière avant les lectures

Ô Seigneur,
Notre vie est pleine d’événements inexpliqués et mystérieux
Il y a des prières sans réponse et aussi des joies indicibles…
Nos mots ne sont pas assez forts pour décrire la souffrance du monde
Mais il ne peuvent pas plus traduire l’allégresse qui monte dans nos coeurs …
Parfois, nous nous demandons si tu te soucies de notre condition. 
D’autres fois une petite musique qui monte de notre être intérieur nous apaise
Ô Dieu tout-puissant merci pour ton souffle léger 
qui fait résonner la flute de bambou et le roseau pensant
O Seigneur humble et doux de cœur, merci pour le souffle puissant 
qui fait vibrer les Grandes orgues quand elles expriment 
la louange des cœurs, le courage de la foi et la force du témoignage. 
Donne-nous de pouvoir sentir ta présence
dans les paroles et la musique, dans la musique de ta Parole.  Amen

Première lecture :
Lecture du livre de la Genèse chapitre 4, versets 20 à 22                      
Agriculture, Musique et Industrie
Deuxième lecture : 
Lecture du livre de l’Apocalypse chapitre 4, versets  1 à 8          
Comme le son d’une trompette L'adoration dans les cieux
Troisième lecture : 
Lecture de l’Évangile selon Matthieu chapitre 11, versets 16 -19 
Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé                           

Prédication 
Au masculin, au singulier et au féminin, au pluriel : l'orgue!

Chers amis, chers frères et sœurs,
Trois mots de la langue française se conjuguent 
au masculin au singulier          et               
au féminin au pluriel 
  • l’amour :   un amour fou      …   d’innocentes  amours
  • le délice ; Ce fut un délice …     les délices éternelles

et bien sûr vous l’avez deviné puisqu’il se trouve au cœur du thème de notre culte…    

  • l’orgue !  Un orgue de barbarie …  les grandes orgues de Clarens !
D'après Grévisse, le genre du mot "orgue" a été hésitant dès le moyen-âge, à cause de l'initiale vocalique (relatif aux voyelles). C'est par réaction éthymologique (le latin organum est neutre) que ce nom est devenu masculin, du moins au singulier. 
Là n'est pas le seul paradoxe de notre "boîte à musique". 
En effet, l'orgue est à la fois un instrument à vent  …  et à clavier.
C’est un instrument dont le buffet est d’une (parfois deux) pièce mais qui est d’une folle complexité !
C'est aussi le seul instrument qui puisse être classé "monument historique" ce qui fait que même si un Stradivarius mériterait un statut identique, lui seul est chouchouté par les autorités civiles qui désirent faire construire, restaurer ou conserver cet instrument au caractère historique, patrimonial et social.
Autre paradoxe, l'orgue est souvent considéré comme un instrument sacré alors qu’il n’est entré que très tardivement dans l’Église … 
Malheureusement ce caractère prétendument sacré éloigne de cet instrument un certain nombre de mélomanes soucieux de mettre de la distance avec tout ce qui ressemble de près ou de loin à quelque chose de religieux.
Et pourtant …
L’orgue est tout ce que l’on peut de plus neutre, voire même, il pourrait être taxé de païen puisqu’il est né en Égypte à la cour des Pharaons !
D’ailleurs sa présence dans une église n’a pas été de soi, loin de là ! 
En effet lorsque l'orgue gagne l'Europe à l'époque romaine, son utilisation est uniquement profane. D’hydraulique, il devient pneumatique. Alimenté par des soufflets il se fait plus léger et transportable et se fait entendre au théâtre ou au cirque. 
On a trouvé en Hongrie les vestiges d’un orgue datant de 228 après J.C, comprenant 4 séries de 13 tuyaux chacune, et le clavier groupait 13 touches.
Du fait des invasions barbares, l'orgue ne subsiste qu'au royaume de Byzance. Il reviendra en Occident à l'occasion des mariages princiers ou des processions au palais, à l'hippodrome, au théâtre ou encore à la porte des églises, l'orgue étant interdit aux offices religieux. On sait que l'empereur romain Constantin COPRONYME envoya en 727 un orgue à Pépin Le Bref, Roi des Francs.
Jusque-là l’orgue n’a rien de cet instrument que le commun des mortels lie au culte et à la liturgie de l’Eglise.
Au tournant du millénaire, on assiste à l’apparition encore timide de l'orgue d'église, d’abord dans les monastères où on les fabrique… puis dès le 13ème siècle, certaines églises possèdent un orgue, que l'on ne joue qu'aux jours de fête. 
Notons au passage que le plus vieil orgue du monde encore en état de marche se trouve dans l’Eglise de Valère à Sion et date de 1435. 
A partir du 15ème siècle apparaissent les Grandes orgues (1500 à 2000 tuyaux, 20 jeux) dans les cathédrales. Mais dans la plupart des églises, l’orgue reste un modeste instrument destiné à l’apprentissage et à l’accompagnement des chants (Cf l’image de la feuille de culte).
Ne nous y trompons pas cependant : avant le 16ème siècle l'orgue n'est pas aussi répandu qu'on pourrait le croire. 
Et il a de nombreux détracteurs. L’orgue on aime  … ou on aime pas !
Par exemple 
Saint AMBROISE de Milan (340-397) avait banni l'orgue des cérémonies religieuses et celui que l’on peut appeler le père de la liturgie occidentale lui préférait le chant des fidèles.  Il en a composé beaucoup et on les chante encore – il y en a même un dans le recueil Alléluia Viens ô Sauveur des païens ALL 31-03.
Mais son disciple, Saint AUGUSTIN (354-430) déclare à l’inverse que "l'harmonie de l'orgue peut conduire au salut par une oreille intérieure, juge et guide naturel du beau".
En tous cas ces deux ont chacun leurs followers puisque si 
Martin LUTHER (1483-1546) recommandait l'orgue pour les offices,
Notre réformateur à nous, Jean CALVIN (1509-1564) a clairement banni toute forme de musique instrumentale au culte. Il ne voulait pas que la beauté de la musique et la virtuosité des artistes ne détourne les chrétiens de l’adoration. Soli Deo Gloria ! 
Toutefois, Calvin aimait la musique. C’est pourquoi, il instaurera le chant des psaumes a capella et à une voix et alla pour cela chercher les meilleurs musiciens et poètes de son temps afin de créer ce qui aujourd’hui encore est la base de l’hymnologie réformée : le Psautier.
Dans le monde réformé, il fallut attendre le milieu du 18e siècle et souvent le 19e siècle pour voir à nouveau l’orgue prendre place dans les Eglises (en 1756 à St-Pierre de Genève) 1876 au Grossmünster de Zurich.
De nombreuses communautés qui se disent fidèles à l’esprit de la Réforme résistent encore aujourd’hui à toute forme de musique instrumentale lors des cultes privilégiant exclusivement le chant.

Aujourd’hui, l’orgue fait un peu figure d'isolé parmi les instruments de musique, puisqu'il est le seul auquel on demande de servir un Dieu ? 
N’est-ce pas injuste si l’on s’en réfère au Psaume 98 que nous avons prié où toutes sortes d’instruments sont invités à la louange de Dieu aux côtés des humains voire même de toute la Création ?
C’est pourquoi, l’orgue ne doit pas être laissé tout seul… ! Même s’il est à la fois un instrument à vent et …  à clavier, à la fois masculin et féminin, un et multiple, même si, de par  la variété de ses timbres, il est capable de traduire tous les sentiments de l'être qui prie : depuis le chagrin et le désespoir jusqu'à l'exaltation et à la jubilation, l’orgue ne doit pas être tout l’orchestre. 
L’orgue n’est pas sacré, pas plus que ne l’est la Musique ! Pas plus que l’Agriculture ou l’Industrie qui avec la musique sont cités comme les premières activités humaines… selon le texte de Genèse 4 entendu ce matin. 
Suivant l’intuition de la Réforme, il faut même, comme pour les images et les statues le désacraliser. C’est sans doute ainsi que l’on pourra lui rendre ses lettres de noblesse ! Car l’orgue mérite mieux que la réputation qui lui colle à la peau d’instrument triste (car pour de nombreuses personnes, il reste associé aux services mortuaires). L’orgue mérite beaucoup mieux en tant qu’instrument profane inventé par l’homme pour les réjouir et les apaiser. C’est ainsi qu’il servira le mieux les humains et Dieu !
L’orgue doit ainsi savoir descendre de son piédestal pour se mêler au peuple, aux enfants, aux choristes …. Il doit être dans la posture humble de celui qui sert… de celui qui soutient, accompagne, encourage, apaise l’âme, raffermit la foi, dit l’indicible… 
Alors il sera comme le disait W.A.MOZART (1756-1791) "le roi des instruments". 
Mais un roi à l’image de Dieu… un roi qui n’écrase pas... qui n’impose pas… mais qui ouvre une porte dans le ciel et conduit à la louange et à l’adoration comme la trompette de l’Apocalypse …
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Bon me direz-vous merci de ce rappel historique sur l’orgue, mais alors quoi de l’organiste ?
Alors là je suis un peu soulagé de savoir que notre Président dira quelques mots à Christian Gerber tout-à-l’heure, car quant à moi si j’ai essayé de mettre en résonnance les textes bibliques de ce matin avec la place de l’orgue dans notre culte, j’ai évité de parler de l’organiste !
Il faut dire en effet que j’ai été un peu secoué et gêné par ce qu’a dit notre cher ERASME (1467-1536) qui affirmait : "seul le diable peut jouer de l'orgue" !
Comment entendre cela ?  Voilà encore un dernier paradoxe ! L’orgue aurait-il le pouvoir de donner au diable de fréquenter l’église ? (Pourquoi pas ! Ainsi, il pourrait oublier un moment de troubler le monde ! C’est ainsi qu’on justifie sa présence sur de nombreux chapiteaux des cathédrales romanes. A l’église, le dialble est localisé et neutralisé !)
Cher Christian, j’aimerais que tu saches en tous cas, que je ne vois pas l’organiste comme un diable…  même si les organistes ont souvent un caractère bien trempé !?!
Mais j’ai toujours admiré celui qui était capable de sortir une mélodie harmonieuse en se jouant de tant de claviers, de jeux, de tuyaux et de partitions! 
Et je me suis souvent dit : Diable! cela ne doit pas être simple tout ça ! 
Quoiqu’il en soit je me réjouis de pouvoir avec toi, avec les paroissiens de Clarens, avec tous ceux qui fréquenterons ce lieu conjuguer 
au masculin, au singulier          et               
au féminin, au pluriel​​​​​​​
Amen 


Feuille de culte avec éléments liturgiques

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Lectures du jour

Prière avant les lectures

Ô Seigneur,
Notre vie est pleine d’événements inexpliqués et mystérieux
Il y a des prières sans réponse et aussi des joies indicibles…
Nos mots ne sont pas assez forts pour décrire la souffrance du monde
Mais il ne peuvent pas plus traduire l’allégresse qui monte dans nos coeurs …
Parfois, nous nous demandons si tu te soucies de notre condition. 
D’autres fois une petite musique qui monte de notre être intérieur nous apaise
Ô Dieu tout-puissant merci pour ton souffle léger 
qui fait résonner la flute de bambou et le roseau pensant
O Seigneur humble et doux de cœur, merci pour le souffle puissant 
qui fait vibrer les Grandes orgues quand elles expriment 
la louange des cœurs, le courage de la foi et la force du témoignage. 
Donne-nous de pouvoir sentir ta présence
dans les paroles et la musique, dans la musique de ta Parole.  Amen


Première lecture :
Lecture du livre de la Genèse chapitre 4, versets 20 à 22                      
Agriculture, Musique et Industrie

Lémek, petit-fils de Caïn, épousa deux femmes, 
la première nommée Ada et la seconde Silla. 
Ada mit au monde Yabal, 
l'ancêtre de ceux qui habitent sous des tentes et élèvent des troupeaux. 
Yabal eut un frère, Youbal, 
l'ancêtre de tous ceux qui jouent de la guitare et de la flûte. 
Silla, elle aussi, eut un fils, Toubal-Caïn,
le forgeron qui fabriquait tous les outils tranchants de bronze ou de fer.
La sœur de Toubal-Caïn était Naama.
                                                                                Grâces soient rendues à Dieu !
Deuxième lecture : 
Lecture du livre de l’Apocalypse chapitre 4, versets  1 à 8          
Comme le son d’une trompette L'adoration dans les cieux

Après cela, j'eus une autre vision : je vis une porte ouverte dans le ciel.
La voix que j'avais entendue me parler auparavant,
celle qui résonnait comme une trompette, me dit :
«Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver ensuite.»
Aussitôt, l'Esprit s'empara de moi.
Et voici, dans les cieux, se trouvait un trône. Sur ce trône quelqu'un siégeait ; 
il avait l'éclat resplendissant de pierres précieuses de jaspe et de sardoine.
Le trône était entouré d'un arc-en-ciel qui brillait comme une pierre d'émeraude. 
Autour du trône, il y avait vingt-quatre autres trônes,
sur lesquels siégeaient vingt-quatre anciens vêtus de blanc et portant des couronnes d'or. 
Du trône partaient des éclairs, des bruits de voix et des coups de tonnerre.
Sept flambeaux ardents brûlaient devant le trône : ce sont les sept esprits de Dieu. 
Devant le trône, il y avait comme une mer transparente, aussi claire que du cristal.
Au milieu, autour du trône, se trouvaient quatre êtres vivants,
couverts d'yeux par-devant et par-derrière. 
Le premier être vivant ressemblait à un lion et le deuxième à un jeune taureau ;
le troisième avait un visage pareil à celui d'un être humain ;
et le quatrième ressemblait à un aigle en plein vol. 
Chacun des quatre êtres vivants avait six ailes, couvertes d'yeux par-dessus et par-dessous.
Ils ne cessent de proclamer jour et nuit :
«Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu souverain, qui était, qui est et qui vient. »

      Gloire à toi Seigneur !
Troisième lecture : 
Lecture de l’Évangile selon Matthieu chapitre 11, versets 16 -19 
Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé                            

Jésus leur dit : À qui comparerai-je cette génération ?
Ils ressemblent à des enfants assis sur les places publiques, dont les uns crient aux autres : “Nous avons joué un air de danse sur la flûte pour vous et vous n'avez pas dansé !
Nous avons chanté des chants de deuil et vous ne vous êtes pas lamentés !”

Louange à toi ô Christ !