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Gustave Courbet, un enterrement à Ornans, 1849-1850, Musée d'Orsay, Paris















La mort et ses rituels, osons en parler !

« Les particules de mon corps ont 15 milliards d’années » dit un « koan » japonais. Il nous invite à méditer, ne serait-ce qu’une seconde, à ce que l’on fera de ces particules, support de notre vie, à l’heure de notre mort. Il semble en effet que l’Ars Moriendi (l’art de bien mourir) des chrétiens du Moyen-âge se perde à une vitesse vertigineuse et qu’elle fasse place à toujours plus de solitude et d’abandon. On observe une rupture inouïe dans la pratique des rites mortuaires dans une société sécularisée où l’être humain, coupé de ses racines religieuses et communautaires, est privé d’appartenance autant que d’avenir. Ainsi à l’heure de remplir le formulaire des « directives anticipées », de plus en plus nombreuses sont les personnes âgées qui déclarent ne pas vouloir de cérémonie funèbre. Parfois ce sont les familles qui décident « de ne rien faire ». Les raisons sont multiples : le grand âge, la disparition et l’éloignement des amis, la dissolution des relations familiales, sans parler de l’érosion des convictions de foi dans un monde toujours plus « laïc », qu’il conviendrait plus exactement de dire « athée ». Il y a aussi des raisons « pratiques » car on pense à tort ou à raison que cela coûte cher d’organiser une cérémonie. Et puis, on ne veut « pas déranger le pasteur », pas plus que le personnel de la maison ou la famille ».
Ainsi la « glissade » d’un service ouvert dans une église vers un service dans l’intimité se poursuit vers « plus de service du tout ». Est-ce vraiment le sort que mérite un être humain ? Il ne serait donc rien que des atomes qui, après s’être assemblés par le hasard et la nécessité dans ce qu’on appelle le corps poursuivront leur course encore pour quelques milliards d’années. Et on n’aurait pas une minute à lui consacrer pour lui rendre un dernier hommage ? Depuis quelque temps, des personnes engagées dans les soins ou dans le secteur animation des EMS ainsi que des collaborateurs des Pompes funèbres m’ont interpelé à ce sujet. Au côté d’autres personnes, j’ai accepté de partager mon expérience dans le cadre d’un « espace de parole et d’échanges pour accompagner les cheminements de vie et de deuil ». Il en est sorti une petite conférence, qui aborde tous les thèmes relatifs à la fin de la vie, des directives anticipées aux rituels - ou leur absence - entourant la mort.