Je dois vous appeler comment : Monsieur le Pasteur ou Monsieur l’Aumônier ? Voilà une question que j’entends fréquemment dans les établissements médico-sociaux (EMS) que je visite. Et il est vrai que les résidents ont de quoi être troublés : En peu de temps, ils peuvent rencontrer un prêtre catholique, une animatrice spirituelle issue d’une Eglise évangélique, un pasteur de l’Eglise réformée, une auxiliaire de l’Eucharistie, un diacre catholique ou protestant, une bénévole laïque, tous travaillant peu ou prou sous l’étiquette de l’aumônerie. Si à l'origine, l'aumônier était un homme d’Eglise, attaché à une personne de haut rang et chargé de distribuer ses aumônes aux pauvres, aujourd’hui l’aumônier peut être le représentant, ordonné ou laïc, de n'importe quelle religion, mandaté par une église, une institution ou par les pouvoirs publics pour apporter un soutien matériel ou spirituel à des groupes particuliers en des lieux précis. Pour le moment, dans les EMS de notre région, nous n’avons pas d’aumônier musulman ou bouddhiste, mais une équipe interconfessionnelle dépendant de différentes instances. Les Eglises catholiques et protestantes sont unies depuis 2010 dans un seul Conseil cantonal d’aumônerie œcuménique dans les EMS qui coordonne la présence des aumôniers dans les EMS. Ces aumôniers, prêtres, pasteurs, diacres ou laïcs peuvent être cantonaux, régionaux ou paroissiaux. Deux Associations pour l’aumônerie en EMS financées par les EMS, les paroisses et des dons privés ont engagé des animatrices spirituelles qui peuvent être protestante ou catholique, ordonnée ou laïque. Sur le terrain, si l’on s’attache aux étiquettes, il sera parfois difficile de faire la différence entre tous ces aumôniers. Et c’est sans doute tant mieux ! Car si l’aumônerie en EMS a plusieurs visages, les différences évoquées ci-dessus sont en fait une grande richesse au service d’une même mission. Cette mission ?
- offrir à chaque résident une présence et un soutien spirituel de qualité, dans le respect de sa personne, de ses convictions et de ses valeurs.
- proposer des célébrations, des réflexions, des animations propres à répondre aux besoins et aux questions spirituelles, existentielles ou éthiques des résidents.
- apporter un soutien aux familles et aux proches.
- être à l’écoute des questions spirituelles et éthiques du personnel, lié à l’accompagnement des résidents et de leur entourage.
- vivre l'œcuménisme en dialogue avec chacun, quelle que soient la religion, la recherche philosophique ou la quête de sagesse des personnes rencontrées. Découvrez dans les pages qui leur sont consacrées, les visages des différents aumôniers en charge des 25 EMS de notre région.
Un concept d’aumônerie pour les EMS
«Vous avez franchi la porte de l’EMS. Vous avez quitté votre chez vous, vos proches, vos habitudes, peut-être même votre compagnon de vie… Votre vie bascule, il faut s’adapter, accepter. La vie peut-elle continuer? Quel sens lui donner? A quoi s’accrocher?».
Ces quelques lignes figurent sur la plaquette de présentation de l’aumônerie œcuménique que les personnes entrant en EMS sont appelées à recevoir. Elaborée par le Conseil cantonal d’aumônerie œcuménique des EMS, le CADEMS, cette plaquette présente la fonction des aumôniers au sein de ces établissements. Elle fait découvrir leur travail et ce que l’on peut attendre d’eux. Ce dépliant est le reflet d’un travail de longue haleine qui a donné naissance à un véritable «Concept d’aumônerie œcuménique des EMS» parvenu cette dernière année aux directions des maisons de retraite. L’aumônier, dit Dominique Troilo, coordinateur et président du CADEMS, va être toujours mieux équipé pour travailler simultanément sur trois champs, spirituel, religieux et éthique.
Aumônier en EMS : un ministère qui se professionnalise de plus en plus
Le CADEMS est aujourd’hui entré dans la mise en œuvre concrète du concept. Il doit faire face à des limites à la fois quantitatives et qualitatives. Dans beaucoup d’EMS, la présence de l’aumônerie se limite encore à la célébration religieuse. La réorganisation des pourcentages d’activité́ des aumôniers catholiques et réformés veut offrir des plages horaires significatives destinées à l’accompagnement individuel ainsi qu’à la participation aux réflexions éthiques. La notion de subsidiarité́, réalisable d’abord dans de petites institutions, va devenir un facteur favorisant une plus grande visibilité́ et présence, au lieu de la dispersion actuelle. Les notions de subsidiarité́ et d’interdisciplinarité́, autant que celles liées aux défis éthiques actuels, ont amené́ le CADEMS à intensifier la formation des aumôniers, en collaboration avec les EMS la FEDEREMS, l’AVDEMS et d’autres institutions comme Pro Senectute pour équiper toujours mieux l’aumônerie des EMS en personnes adéquates et compétentes.
Aux limites de l’être : l’Espérance et la Vie
Arcabas (Jean-Marie Pirot 1926) La Visitation
Il faut bien l’avouer, personne n’a envie d’entrer en EMS. Tout est fait pour retarder l’échéance tant redoutée qui sonne comme le glas d’une vie autonome au milieu de tout ce qui fait la vie : une maison, un logement, des meubles, un quartier, des amis, de petites habitudes qui ont parfois plus de 50 ans d’âge. Parfois même, en plus de tout le reste, c’est une vie de couple qui s’achève inopinément. Et cela va fréquemment de pair avec la perte de sa propre identité, ce deuil des souvenirs et de soi-même qu’il faut faire de son vivant, si on se voit frappé d’un déclin des facultés cognitives et mentales comme un Alzheimer, par exemple.
Entre le temps et l’éternité : la cinquième dimension ?
Alors l’EMS ne serait-il qu’une zone crépusculaire ? Un lieu où, comme Giuseppe Corte, le héros de la nouvelle Sette piani (Sept étages) de Dino Buzzati, on ne peut que, de malentendu en malentendu, poursuivre une lente descente vers ce dernier étage où toutes les fenêtres se ferment l'une après l'autre. Un lieu d’angoisse où on fait la queue, placés entre la quatrième dimension et l'au-delà. Arrivé à ce point je vous entends protester… Mais quel sombre tableau vous dressez là ! Non l’EMS n’est pas un mouroir ! Tout est fait pour que l’EMS soit un lieu de vie. De fait, souvent, en poussant la porte d’un établissement, je découvre un lieu de lumière où un nombre incalculable de belles rencontres se déroulent et de belles choses sont vécues tous les jours. Alors je vous répondrai bien volontiers par l’affirmative : c’est vrai, le monde des institutions que je fréquente est marqué sans aucun doute par l’amour du prochain - ou de l’humain, si on veut une version plus laïque de l’agapè chrétienne.
L’EMS lieu de vie
C’est vrai, chaque jour je suis témoin d’un déploiement de vertus théologales ou cardinales hors du commun: chacun, du personnel soignant au personnel technique, de la cuisine à la direction, met son intelligence et son savoir-faire, son énergie et sa patience au service d’une seule cause : le bien-être de chaque résident. S’il fallait dire ce qui naît, ce qui éclot, ce qui croît en EMS, il faudrait décrire une infinité de gestes du quotidien de tant d’acteurs, pour la plupart anonymes, qui ont le sentiment de ne faire que ce qu’ils doivent. Mais au-delà des compétences requises et du cahier des charges, ils y mettent tant de talent et de cœur que l’on ne peut s’empêcher de parler d’amour. En cela, l’EMS mérite pleinement son appellation de « lieu de vie ». Lieu d’une profonde humanité qui permet parfois aux personnes aigries par la vie ou amères face à leur passé de trouver une tendresse inconnue jusque-là et un apaisement inattendu.
Miroir de la condition humaine
Mais si l’EMS moderne n’est pas un mouroir, il est bien un miroir ! Miroir de la condition humaine qui se déroule dans un monde déchiré où se mêlent le bien et le mal, la beauté et l’horreur, la bonté et la cruauté. Miroir de la condition humaine soumise à la finitude et à ce douloureux privilège de la connaissance et de la conscience de soi. L’Homme est le seul être à savoir qu’il va mourir. Et si, comme l’animal, il sait réagir face au danger imminent, s’il sait maîtriser ses peurs face à un danger réel et immédiat, la perspective de la mort l’angoisse. Car la mort, si prévisible, échappe totalement à une quelconque maîtrise. Bien sûr, l’homme peut repousser les limites de la vie, développer la médecine et les thérapies de toutes sortes. Grâce à l’organisation politique d’un Etat stable, il peut améliorer les conditions de vie des plus fragiles, mais il ne peut pas empêcher l’échéance. Quelle réponse apporter alors à l’angoisse bien humaine du néant que représente la mort ? L’heure serait-elle venue de s’enivrer, comme le demandait le physicien Hubert Reeves dans un ouvrage resté célèbre ? S’enivrer pour oublier ? Pour s’abrutir comme on peut le faire au match, dans toutes sortes de divertissements ou devant la télé ? Oublier notre sort tragique en oubliant jusqu’à sa propre existence puisque de toute façon elle est soumise au néant ?
La Visitation, expérience de l’Esprit
L’Evangile, depuis deux mille ans, offre une toute autre réponse. Aux limites de l’être, ce n’est pas le néant qui nous est réservé. Mais la vie ! Bien sûr, j’entends aussi ceux qui disent que la religion n’est qu’une illusion pour aider celui qui y croit à mieux avaler l’amère pilule de sa finitude. Mais le mirage de l’éternelle jeunesse qu’une certaine chirurgie esthétique promet à ses clients, ou encore, celui de l’immortalité que le possible clonage humain laisse envisager valent-ils mieux ? Notre société qui a troqué le spirituel contre le matériel fait-elle le bon choix ? Ce que j’aime dans l’Evangile, c’est qu’il préfère la visite à la lettre (même sacrée), la rencontre à la loi, l’expérience aux théories. Aux limites de l’être, ce n’est pas le néant qui nous est réservé, mais la vie. C’est l’expérience d’Elisabeth qui découvre à un âge avancé, que dans son corps vieilli, usé, fini, la vie est là, plus forte que les stigmates du temps passé. Comme la mère de Jésus, elle a fait l’expérience de l’Esprit. Cet Esprit qui traverse toute vie de son souffle et fait littéralement exister l’être humain, en lui permettant de trouver sa source et sa force intérieure et ce qui, en lui, peut résister au néant. Marie et Elisabeth nous ouvrent dans ce que l’on appelle la Visitation un chemin d’espérance. A travers l’épaisseur de deux ventres et bientôt hors d’elles, c’est la vie qui bondira, qui débordera jusqu’à submerger les cœurs et les empires !
L’EMS, lieu d’espérance
Cette puissante expérience est comme confirmée par ces grands témoins du temps de l’Avent et de Noël que sont le prêtre Zacharie, époux d’Elisabeth, Syméon l’homme fidèle et juste, et Anne la prophétesse. Ces figures éminentes du début de l’Evangile de Luc, ces quatre personnes âgées représentent la foi vivante au milieu d’une tradition sclérosée en panne d’espérance, celle du judaïsme palestinien du premier siècle. Aujourd’hui encore, dans les EMS que je visite, se dressent de tels témoins. Malgré l’abandon de la foi chrétienne par une société laïque et consumériste qui oublie ses racines, malgré les souffrances et les détresses physiques ou psychiques qu’ils endurent, ils continuent à porter en eux la foi, l’espérance et l’amour. Leur témoignage est fort. Fort d’une fidélité à toute épreuve. Fort d’une ouverture à l’Esprit vivifiant qui ouvre un chemin de lumière et de paix intérieure. Comme Zacharie et Syméon, comme Anne et Elisabeth qui ouvre sa porte à la jeune Marie, nos fidèles aînés continuent à se laisser visiter par l’Esprit et à laisser grandir en leur sein l’espérance et la vie! Marc Horisberger
Dino Buzzati, Sept étages (original I sette piani 1937), Paris, Robert Laffont, 1995
Hubert Reeves, L’heure de s’enivrer, Paris, Le Seuil, collection « Science ouverte », 1986
Aumôniers main dans la main
Dans les hôpitaux, les prisons, les EMS ou les hautes écoles, les aumôniers catholiques et réformés travaillent ensemble à une mission commune.
Les missions en commun
couvrent les domaines d'activité suivants: gymnases et écoles professionnelles, hautes écoles spécialisées, UNIL et EPFL, EMS, hôpitaux et cliniques, éducation spécialisée, mineurs placés, prisons, réfugiés et requérants, monde du travail, dialogue œcuménique et interreligieux.
Philippe Leuba, Conseiller d'Etat, chef du Département de l'intérieur, garant des institutions, notamment des Eglises et communautés religieuses dans la canton déclare dans un interview accordé au magazine de l'EERV Bonne nouvelle en octobre 2010: "Ces missions en commun sont ancrées dans la loi et permettent d'assurer une présence chrétienne dans les lieux qui le nécessitent... La première raison est d'ordre financier. Si dans chaque lieu il fallait doubler la présence catholique et protestante, nous doublerions les coûts. Ensuite, les deux Eglises sont confrontées à des problèmes de personnel. S'il faut partout deux aumôniers, cela a des conséquences sur les effectifs. Les deux communautés ont accueilli positivement l'appel aux missions communes qui font l'objet d'une convention ratifiée par les deux Eglises et l'Etat".
Dominique Troilo, pasteur et coordinateur cantonal des aumôniers en EMS évoque ainsi ce changement: "Aumôniers protestants et catholiques travaillent désormais dans une même mission... L'aumônier symbolise la question de l'humanité... Les résidents ont besoin de parler de leur vie familiale. Soit de leur enfance, soit des soucis actuels. Parfois, ils souhaitent les confier dans la prière. Dieu est le lieu de dépôt de ce qu'ils ne peuvent plus porter depuis leur chambre d'EMS. Les aumôniers ont aussi pour fonction d'accompagner les familles, notamment les conjoints. Ils sont en outre sollicités par le personnel. «Les soignants ont des attentes multiples, ils ont besoin de parler humainement du sens de la souffrance, de la fin de vie ou de la mort.» L'institution les consulte enfin comme experts sur des questions éthiques".
EMS
La Maison du Pèlerin
Chardonne
EMS
La Résidence du Léman Corseaux
EMS
La Fontanelle
Vevey
EMS
Home Salem
St Légier
EMS
Château des Novalles Blonay
EMS
Le Maillon
Blonay
EMS
Les Rosiers
Blonay
EMS
Beau-Site Clarens
EMS
Coteau-Muraz
Clarens
EMS
Montbrillant Clarens
EMS
Gambetta
Clarens
EMS
Joli-Bois Chamby
EMS
L'Eaudine Territet
EMS
Les Laurelles
Territet
Ci-dessous vous retrouverez une information plus détaillée au sujet de mes activités.
Le 17 juin 2012 les Vaudois ont rejeté l'initiative EXIT et accepté le
contreprojet du Conseil d'Etat et du Grand Conseil vaudois ancrant
ainsi le suicide assisté dans le droit.
Il est toutefois certains que l'on ne va pas en rester là. Les Associations
d'aide au suicide vont continuer à militer pour le suicide assisté.
Le prochain objectif sera le droit fédéral. C'est pourquoi je laisse à
votre méditation et à votre réflexion la position que j'ai défendue sur
ce sujet en tant que pasteur et 'aumônier en EMS. Je suis aussi à
disposition des paroisses qui souhaitent poursuivre la réflexion dans
un climat moins émotionnel pour animer un groupe de réflexion autour
de ce thème.
Au-delà de son aspect juridique, l'initiative EXIT nous concerne tous,
en tant que citoyens, comme chrétiens mais aussi personnellement.
Dans quelles conditions devrais-je vivre la fin de ma vie ? Et si la
souffrance était trop forte ? Et si l’image que j’ai de moi-même ou
la dépendance devait devenir insupportable ? Au nom de qui ou de
quoi aurait-on le droit de m’imposer de vivre alors qu’en faisant un
bilan lucide, je souhaiterais abréger ma vie ?
En Suisse aujourd’hui, une majorité des gens souhaite avoir la liberté
de faire appel à un suicide assisté. La question de Dieu ou des considérations
éthiques ne semblent pas infléchir ce désir de nos contemporains,
malgré les positions très claires de l’Eglise catholique et des milieux
évangéliques qui se prononcent contre le suicide assisté.
La Fédération des Eglises protestantes est plus nuancée:
le chrétien a certes le devoir d’interroger une société marquée par l’individualisme.
La notion de dignité dans laquelle on peut lire en filigrane la peur de la souffrance
et le refus de la dépendance doit être débattue. La capacité reconnue à l’individu
d’évaluer seul sa vie mérite réflexion.
Toutefois, dans la droite ligne des Réformateurs, le chrétien est invité à
reconnaître que tout homme est appelé à une vie libre et, confiant dans
la grâce de Dieu, il s’abstiendra de juger ou de justifier la personne qui
se suicide. Il se limitera à l’accompagner dans sa souffrance, sa détresse
et sa décision.
L’initiative EXIT pose pourtant la question des limites de la liberté individuelle.
Car dans l’acte du suicide, même « assisté », je ne suis
pas seul! Il y a les autres! Ma famille, mes proches. Et dans un EMS,
il y a les résidents, les soignants, le personnel. Il ne faut pas sous-estimer
l’impact sur l’entourage d’une mort par suicide, même programmé et préparé.
Certaines institutions ne se sentent pas prêtes à accompagner un résident qui
demande le suicide.
Mettre de force par le biais d’une loi le pied dans la porte n’est pas seulement
inélégant, c’est aussi piétiner la liberté et les choix éthiques
de ces établissements. Il ne faut pas perdre de vue que la mission
première des EMS n’est pas d’aider les gens à se suicider. Si le suicide assisté
est autorisé, il ne doit pas être banalisé ou généralisé comme un moyen pour la
société de limiter les coûts.
Il est et doit rester l’exception.
Dans le contreprojet, le Gouvernement propose de restreindre le droit individuel
et d’obliger les institutions à plus de souplesse. Il reconnaît
que l'aide au suicide peut trouver sa place dans les établissements
publics de soins. Mais il nous invite à éviter les solutions simplistes et dogmatiques.
Faut-il y voir un reliquat de protestantisme ?
Marc Horisberger, Pasteur, Aumônier en EMS avril 2012
PS pour aller plus loin dans la réflexion, voire la page consacrée au
sujet par le service Santé et solidarité. On y trouve entre autre
les positions de la Féderation des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).
Aumônerie des EMS de la Région 16 Vevey-Riviera
Rapport d'activité 2010
Une année de changements…
Des changements dans les 12 Etablissements médico-sociaux dont je suis en charge de l’aumônerie, il y en a eu. Trois nouveaux directeur, directrice ou responsable d’Etablissement, un EMS qui change de propriétaire, des animatrices qui étaient là depuis quinze ans sont parties, des médecins d’établissement proche de la retraite qui passent le flambeau, au final, moi qui pensait être un nouveau… je me sens devenir petit à petit un des « anciens » et je fais l’expérience si difficile pour nos aînés de ces changements qu’on aime pas du tout et que l’on doit pourtant affronter.
Bonne expérience… Ainsi comme Pénélope, il faut recommencer, nouer des relations nouvelles, imaginer des collaborations sans oublier d’approfondir les anciennes.
Restent le quotidien de la souffrance, l’accompagnement de plusieurs parents perdant leurs enfants… la vieillesse comporte aussi ce risque: voir partir avant nous ceux qui devaient, pensait-on, être le soutien de nos vieux jours.
Une année où j’ai aussi eu la chance de pouvoir accompagner les premiers pas dans l’aumônerie en EMS de Wendkouni Chuard, une jeune stagiaire du Burkina Faso au nom bien vaudois. Ce stage validé, Wendkouni a pu recevoir le diplôme décerné par l’Institut Emmaüs.
A l’Etoile du Matin à Jongny Monsieur et Madame Neyroud, Wendkouni Chuard et votre serviteur
Une réflexion autour du mot dignité La célébration de cinquante huit services funèbres me faisant entrer dans les histoires, la reconnaissance et les souffrances d’autant de familles ne m’a pas laissé indemne. Au travers de ce service d’accompagnement de fin de vie et des familles, un nombre incalculable de réflexions de toutes sortes jaillit et j’ai parfois de la peine à les synthétiser. Cette année, c’est surtout le mot dignité qui aura retenu mon attention.
La dignité humaine ne se décline pas seulement sur le mode d’Exit ou Dignitas, mais dans les gestes humbles au quotidien d’un personnel le plus souvent admirable qui lui aussi a besoin de réconfort. C’est surtout le refus de la confiscation de ce mot de dignité par les associations d’aide au suicide qui a conduit la réflexion d’un petit groupe mandaté par le Conseil Synodal pour préparer la réponse des Eglises à l’initiative lancée par Exit sur laquelle le peuple vaudois devra se prononcer. Et le refus aussi de faire de la mort par suicide assisté un objectif envisageable parmi d’autres lors de la prise en charge de la personne âgée par un EMS. Des débats passionnants avec des personnes remarquables comme le Dr Jean Martin, ancien médecin cantonal ou le professeur Denis Müller ont alimenté mes convictions que le suicide assisté ne doit pas devenir un droit inscrit dans la loi, mais tout au plus un acte toléré qui ne devrait pas trouver sa place dans les EMS où la dignité humaine s’exprime d’une toute autre manière que par une décision volontaire de mettre fin à ses jours.
Des fêtes toute l’année Si le mois de décembre, l’aumônier se mue en écureuil pour sauter de branches en branches, la fête c’est aussi toute l’année… On fête souvent des nonagénaires ou des centenaires mais le 27 juin, ce sont les … 20 ans du Phare Elim qui ont été fêtés avec faste. Une occasion de redire combien l’être humain quelque soit son âge a besoin de la lumière pour se laisser guider vers la source de la vie…
C’est aussi le sens du message personnel envoyé à 100 personnes rencontrées durant l’année dans toutes sortes de circonstances mais plus particulièrement dans celle du deuil. Un message peint à l’intérieur d’une tombe étrusque et gravé sur la pierre d’un sarcophage paléochrétien qui nous invite à la confiance, à l’espérance et aux lumières d’une naissance prémices d’une nouvelle naissance…
Culte à la Maison du Pèlerin au Mont-Pèlerin avec Martine Brauchli, bénévole de la Paroisse de Chardonne-Jongny