O De tout mon cœur, ô Dieu, je te rends grâce :
A Seigneur, ma bouche célèbre tes louanges.
O Dans ton saint Temple, je me prosterne devant ta face,
A Et je chante ton nom en présence des anges.
O Je célèbre ton nom pour ton amour et ta fidélité,
A Car tu réponds à mon appel lorsque je crie.
O Tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta vérité.
A Tu fais grandir en mon âme la force et l’énergie.
O Tous les rois de la terre reconnaissent ta grandeur
A Quand ils entendent les paroles de ta bouche.
O Ils composent des poèmes à la gloire du Seigneur :
A Car hauteur de tes intentions les touche.
O Oui si haut sois-tu, tu me vois dans ma petitesse :
A Ta droite me rend vainqueur sur tous mes chemins
O Et tu me rends la vie quand je suis en pleine détresse.
A Par ton amour éternel, ne relâche pas l’œuvre de tes mains.
Commentaire
Le psaume 138 nous fait entrer dans la troisième dimension: la hauteur qui nous permet de connaître la profondeur et la perspective pour aboutir à la fin du Psaume dans la quatrième, celle du Temps, du Temps de Dieu, le temps infini ... car éternel est son amour...
Le psalmiste traduit l'expérience du croyant lorsque celui-ci se laisse toucher par la grâce de la présence divine.
Cette présence dans l'ancien Israël est lié au Temple. C'est là que Dieu réside, c'est là qu'il se révèle, c'est là que le pèlerin israélite rêve de le rencontrer. C'est là que les rois de la terre, que toutes les nations viendront viendront à leur tour pour apporter leur louange et recevoir la paix et la guérison.
Dans cette rencontre, le croyant - qui comme dans tous les Psaumes n'est pas un individu, mais Israël, le peuple de Dieu - s'abaisse, se prosterne, prend conscience de sa petitesse, de son insignifiance en même temps qu'il élève Dieu dans sa louange et par ses chants.
Ce Psaume met en évidence la Sainteté de Dieu, ce Dieu Tout-Autre, radicalement différent de tout ce que l'homme peut imaginer, irrémédiablement impossible à atteindre autrement que par ces intermédiaires que sont le Temple, les anges, les poèmes, les chants ou les louanges.
Ce Psaume met en évidence la Hauteur, la grandeur de ce Dieu inaccessible à l'intelligence humaine aussi bien qu'à ses sens.
Mais il annonce aussi le Dieu qui se rend proche, l'Emmanuel, le Dieu avec nous, le Dieu avec ceux qui ont le coeur brisé et l'âme en déroute. Il annonce ce Dieu qui purifie les lèvres impures, ces lèvres qui ne savent ni comment parler de Dieu, ni lui parler, qui ne savent ni prier, ni confesser l'amour éternel du Créateur.
La fin du Psaume joue sur ce paradoxe: le Dieu Saint, inaccessible, si haut soit-il voit le croyant si bas, si misérable qu'il soit. Le Tout-Autre prend l'initiative de se faire proche. Le fossé qui nous sépare de Dieu, c’est Dieu lui-même qui le comble. Et ce qui guide son action, c'est son amour éternel et infini.
Ce Psaume de louange est traditionnellement mis en parallèlle avec le récit de la vision d'Esaïe dans le Temple (Esaïe 6) qui me semble être magnifiquement mis en perspective au travers de l'oeuvre de l'artiste contemporain Philippe Rabagnac. La profondeur, le mystère, la lumière éclatante en contraste avec les ténèbres dans lesquelles se trouvent le prophète. Les gestes du Sérafin, ange mystérieux pour ne pas dire mythologique, qui de la main droite désigne le prophète appelé - mais on pourrait aussi distinguer dans le bras et la main un oeil: celui de Dieu qui nous voit ? - et de la gauche tient le charbon ardent purificateur crée une belle dynamique. Un mouvement qui contraste avec l'immobilité du Prophète qui est encore comme figé même si ses yeux commencent à s'ouvrir ... Image du Croyant en chemin qui demande à Dieu de ne pas se décourager devantnos esprits sans intelligence et nos coeur si lents à croire....
Philippe Rabagnac, La vision du prophète Esaïe dans le Temple
http://atelier2phr.over-blog.com/article-la-vision-du-prophete-60353017.html