O Je t’exalte Seigneur, car tu m’as retiré du puits
A Tu n'as pas réjouis mes ennemis à mes dépens.
O Quand j'ai crié vers toi, tu m’as offert ton appui
A Tu m'as guéri, tu m’as fait sortir du guet-apens.
O Vous qui aimez le Seigneur, chantez ses louanges
A Célébrez-le en évoquant sa sainteté.
O Sa colère ne dure qu’un instant et il l’échange
A Contre sa bonté qui dure pour l’éternité.
O Si le soir viennent les larmes et les pleurs
A Au matin résonnent les cris d’allégresse.
O Je resterai inébranlable, si je vis dans ta faveur
A Ne te cache pas quand je suis dans la détresse.
O Ton absence me remplit d’inquiétude
A Que gagnes-tu à me voir seul et sans secours ?
O La poussière peut-elle manifester sa gratitude ?
A A l’aide Seigneur ! Tu es mon seul recours.
O Tu as changé mon deuil en une danse
A Tu as remplacé mon sac en habits de fête
O Mon être tout entier mène la cadence
A Seigneur mon Dieu, je te chanterai à tue-tête.
Commentaire
Tu m’as guéri ! Tu m’as sorti des enfers…
Le Psaume 30 s’élève comme un chant de reconnaissance… Le poète ressent sa guérison comme une résurrection avant la lettre ce que la mention du Shéol au v.4 vient renforcer.
Le Shéol est un terme intraduisible qui évoque la tombe - moins que le tombeau individuel - ou l’enfer dans une version plus proche du purgatoire ou du néant que d’un au-delà où seraient récompensés les bons et punis les méchants.
Ainsi le Shéol n’est pas l’enfer de la damnation, concept abstrait qui nous vient de la mythologie, ni une antichambre du Paradis ou des champs Elysées que l’Ancien Testament semble ne pas connaître qu’une sorte d’enfer bien particulier.
Une sorte de prison-salle d’attente qui enferme celui qui y descend. On voit en lui un endroit désagréable où l’on s’ennuie « à mourir ». Un lieu où on finit par se désintégrer et où notre souvenir s’efface. Il semblerait que tous s’y retrouvent, les justes comme les injustes, les petits comme les grands, les riches comme les pauvres. Et certains, comme Job, y trouvent un soulagement par rapport à leur vie de souffrance.
Le Shéol est le lieu où vont les morts, le « séjour des morts » sans qu’on puisse dire qu’il s’agisse d’un au-delà. Ce serait plutôt un cul-de-sac.Le psaume 30 nous montre comment on l’imagine de façon très concrète: l’enfer dont parle le Psaume est un trou, une fosse, un puits, une citerne, avec ou sans eau, qui fait pourrir ou tomber en poussière ceux qui y tombent. Joseph ou Jérémie jetés dans une citerne ou encore Jonas au fond de son poisson ne sont pas loin du Shéol tel que les Hébreux l’imaginent. Mais le malade qui voit la mort de près où le fugitif qui se sent cerné et voit soudain la délivrance fait la même expérience.Le shéol fait peur, il est obscur ou brûlant, et maintient ses captifs, qui vivent une sorte de non-vie, éloignés de Dieu. Mais il n’a pas d’aspect définitif. On peut en revenir, on peut en ressortir, comme en témoigne notre psaume et surtout les psaumes 18,5-7 et 86,13. C’est justement l’expérience du poète du psaume 30.
La conception du lieu où vont les morts va progressivement évoluer et c’est dans la littérature intertestamentaire, plus particulièrement dans le livre d’Enoch qu’il faut chercher une description détaillée du Shéol divisé en quatre sections avec l’évocation d’un paradis pour les justes et à l’autre extrémité d’un enfer où les méchants sont indéfiniment tourmentés.
Sandro Botticelli
le puits de l'enfer
de Dante
La carte de l’Enfer fait partie des 92 dessins de Sandro Botticelli commandés par Lorenzo di Medici au 15ème siécle. Botticelli l’a réalisée à la pointe de métal sur un parchemin de 32cm par 47cm, repris à l’encre puis mis en couleurs. Les illustrations disparurent jusqu’au 17ème siècle, et seulement 92 des 100 dessins originaux (dont la carte de l’enfer) furent retrouvés. Aujourd’hui, les œuvres sont conservées dans la bibliothèque du Vatican et dans au Cabinet des Dessins et Estampes de Berlin.