Horisberger Marc
Horisberger Marc

Pour le 500e de la Réformation... Le Psaume de Luther ​

Psaume 46 (45) dialogué 

ou ... Lâchez les armes!


O   Dieu est pour nous un abri sûr, une forteresse

A         Il est notre refuge, il nous met hors d’atteinte

O   Il est un secours toujours prêt dans la détresse.

A         C'est pourquoi nous sommes sans crainte.


O   Même si la terre est ébranlée et bouillonne,

A         Si les montagnes s'écroulent au fond des mers, 

O   Même si les flots grondent les vents tourbillonnent

A         Nous sommes sans peur, car Dieu règne sur la terre !


O  Un cours d'eau répand la joie dans la cité de Dieu,

A        Dans la plus sacrée des demeures du Très-Haut. 

O   La citadelle tiendra bon car Dieu est en son milieu.

A        Dès que le jour se lève, il la protège du chaos. 


O   Les empires s'ébranlent, les nations grondent…

A        Mais Dieu donne de la voix, et la terre oscille.

O   Venez voir ce que le Seigneur a fait dans ce monde

A        Devant ses actes stupéfiants, tous vacillent.


O   Il met fin aux combats jusqu’au bout de la terre,

A        Il casse l'arc, brûle le bouclier, brise le javelot,

O   Il débarrasse les peuples des armes de guerre.

A        Il pulvérise par le feu tous les chariots.


O   Sachez que je suis Dieu ! Lâchez les armes !

A       Devant lui les nations voient leur faiblesse 

O   Les éléments naturels font taire leur vacarme

A        Dieu, pour nous, est vraiment une forteresse.

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Deux variantes musicales du cantique de Luther 

C’est un rempart que notre Dieu

Martin Luther (1483-1546) par Lucas Cranach l'Ancien

Commentaire de ma collègue Daphné Reymond (prédication du 19 septembre 2019).

Il est intéressant de savoir en quelles circonstances Luther a écrit ce chant – en début 1529: c’estau moment où il se trouvait dans un débat vif et acharné avec Zwingli au sujet de la Présence du Christ dans la Cène - d’autant ‘plus vif que Luther considérait que à travers les propos de Zwingli,c’est Satan qui se déchaînait pour amoindrir la nouvelle foi ! La pertinence de leurs discussions nous échappent quelque peu... mais Pour Luther et Zwingli, tous deux anciens prêtres, la Cène revêtait une importance immense – et la compréhension de la Cène était un enjeu important de la nouvelle foi : Et dans les débuts d’une nouvelle foi, il y a souvent beaucoup d’intransigeance – et il y en a eu durant la Réformation, sans doute parce qu’il fallait s’affirmer pour exister ! Les quelquesvoix s’élevant pour inviter à l’acceptation des différences d’opinion ont souvent bien été étouffées (on pense à Castellion, mais aussi à plusieurs femmes de Réformateur) ...

Au printemps 1529, aucun des deux Réformateurs n’était prêt à envisager comme valable le point de vue de l’autre, et ils s’invectivaient sans vergogne. Finalement ils se rencontrèrent, en septembre, et s’ils ne parvinrent pas à un véritable accord sur tout - ils ne se quittèrent pas en frères - ils se serrèrent la main de la paix et promirent d’éviter à l’avenir les paroles blessantes et injures. Le temps de considérer l’autre comme ennemi était dépassé...

L’autre circonstance qui pourrait être aussi avoir inspiré ce chant était que Luther venait de sortird’une période très difficile pour sa santé – au plus mal durant de longs mois, il en perdit le moral –et écrivait à sa femme que des démons l’attaquaient en le poussant au découragement total. (...) 


​​​​​​​Mais le paume ne s’arrête pas là. Si dans un premier temps il nous invite à nous appuyer sur cette confiance ancrée en Dieu notre forteresse, notre abri, notre centre stable, la suite des paroles, nous suggèrent une autre attitude.

Le psaume continue et dit : « allez voir les actes du Seigneur sur la terre... Il arrête lescombats ! Il détruit les armes ! »

Ce cri invite à ne pas rester planqué derrière le rempart, mais à se lever, à monter et à regarderdu haut de la citadelle, loin à l’horizon, la vie et le monde. Et peut-être bien que quand on voit les choses de plus haut, quand on les regarde plus loin, on les découvre sous un autre angle, en élargissant son horizon.

Dans la peur, on se croyait perdu, voué à la destruction? Et une fois blotti dans la forteresse, on se sentait comme dans un îlot de sûreté, au risque de rester frileusement recroquevillé sur soi?

N’en restez pas là, dit le psalmiste. Allez, montez et regarder ce que Dieu fait ! Voilà que Dieu est en train de combattre le mal, il ravage les ravages, il désole la désolation, il détruit la destruction, il casse les armes, il élimine la puissance illusoire et mortifère des humains.

Ce Dieu refuge est un Dieu qui détruit les outils du malheur - et non les ennemis, la nuance du langage est à souligner- en Esaïe 2, la vision va plus loin : les nations qui viennent vers la montagne sainte transforment leurs armes des outils agricoles , et Dieu exige un cessez-le-feu,« Lâchez les armes », qu’il dit ! (...)

Nous pouvons certes monter nous réfugier dans la forteresse divine où coule une source d’eau vive : oui ! Notre cœur y trouvera le calme et la confiance. Mais nous pouvons voir les choses sous un autre angle, et en découvrant ce Dieu qui détruit la destruction, avoir l’envie, la force et le courage de lutter à sa suite, pour travailler à détruire nous aussi les outils du malheur. (...)

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