Horisberger Marc
Horisberger Marc

Psaume 24 (23) Ouvrez-vous portes éternelles

O Au Seigneur appartient la terre 
A     Le monde et ses locataires.
O Sur les océans il la fonde
A     Il la maintient au-dessus de l’onde

O Qui escaladera la Montagne du Seigneur ?
A       Celui qui est vrai dans son cœur !
O Qui pourra se maintenir dans le lieu saint?
A       Celui qui garde propres ses mains !

O A cet homme Dieu donne son approbation
A        Il apporte la guérison et la bénédiction
O Voici les traits de celui qui te recherche
A       Voilà le portrait de celui qui te cherche 

O Elevez-vous antiques portails
A       Voici le Seigneur des batailles
O Ouvrez-vous portes éternelles
A        Laissez entrer le Roi qui étincelle

O Qui est ce Roi de gloire ?
A       
C’est le Seigneur de l'Histoire
O Qui est ce Roi si glorieux ?
A       
C’est le Créateur, le Seigneur Dieu.


Commentaire



Quel psaume étonnant!
En peu de mots, il nous propose un pèlerinage spirituel qui part de l'idée d'un Dieu créateur et maître du monde qui se laisse pourtant approcher par celui qui le cherche de tout son coeur et se révèle à ceux qui recherchent sa face. Une dimension à la fois individuelle et collective de la rencontre avec un Dieu source et sommet de la vie du monde et des hommes.

Dans la liturgie éthiopienne, l’exégèse traditionnelle du psaume 24, chanté le dimanche des Rameaux et lors des vêpres solennelles, comporte des interprétations à la fois historiques et allégoriques. Au-delà d’une interprétation littérale, on peut y trouver des références à la descente du Christ aux enfers, et spécialement à son Ascension, en lien avec l’exégèse patristique. L’ensemble du texte est encore expliqué à la lumière de l’exil à Babylone avec toute une série de lectures particulièrement significatives du verset 7 qui se présente comme la clé du Psaume: les portes des contructions faites de mains d'hommes resteront toujours trop petites pour permettre le passage de celui qui dira par la bouche de Jésus:
Je suis la Porte.

Qui montera jusqu’au sanctuaire du Seigneur ?
Aux pèlerins qui montent au Temple à Jérusalem, le psaume pose la question de savoir qui est en droit d’espérer accéder à la présence du Seigneur. Le psalmiste laisse même planer le doute sur le fait que Dieu réside dans le Temple ! Le saint lieu n’est-il pas encore plus haut que le sanctuaire fait de mains d’hommes ?                                       
Qui est ce roi de gloire ?
Après avoir donné quelques indications sur l’état d’esprit qui devrait habiter le cœur de celui qui cherche la présence du Seigneur, le psalmiste évoque la venue d’un Roi de Gloire. Pour que la rencontre entre Dieu et l’homme qui le cherche ait lieu, ne faut-il pas alors que le Seigneur s’abaisse et descende sur cette terre qui est sa possession bien plus que son royaume ?

La symbolique de la porte
La porte possède une symbolique inépuisable qui permet de lire le Psaume 24 comme un pèlerinage à la manière de celui de Dante passant par la porte de l'enfer pour trouver au-delà du centre de la terre habité par Lucifer la porte du Purgatoire et celles du Paradis. Comme un roi oriental qui entre dans son palais, le Seigneur se présente aux portes du monde… portes de la terre et de ses habitants, porte des océans et du monde souterrain ce qui fait dire aux orthodoxes que ce psaume s’applique à la descente du Christ aux enfers.

Faut-il encore que les portes du monde le reconnaissent : Elle demandent par deux fois: Qui est-il ce roi de gloire ? Ce qui permet au poète de proclamer qu'il s'agit du Seigneur lui-même pour lequel toutes portes, même vénérables par leur ancienneté se révèlent être trop petites... Deux signes caractérisent ce roi de Gloire: 1) il est fort et vaillant (à la guerre) : ce que j’ai rendu par l'expression "le Seigneur de l’Histoire"… qui me semble assez bien correspondre à cette idée. 2) il est le Seigneur « Sebaoth » Dieu des multitudes célestes, Dieu de l’univers créé, visible et invisible ce que j’ai rendu par le simple mot de Créateur.

La Sublime Porte

Une audience de Selim III devant la porte de la Félicité, la porte d'honneur monumentale du grand vizariat à Constantinople, siège du gouvernement du Sultan de l'empire ottoman. La Sublime porte était le symbole même de la puissance ottomane.


La porte évoque symboliquement une idée de passage ou de barrage, d’ouverture ou de fermeture. D’au-delà ou d’en deçà. On peut franchir une porte, ou rester devant une porte close. Elle est le lieu de passage entre deux états, entre deux mondes qu’ils soient concrets ou abstraits, entre le connu et l’inconnu, les ténèbres et la lumière.

Symbole de l’accès à un espace, elle symbolise l’entrée dans un espace fondamental. Dans les Temples ou les édifices religieux quels qu’ils soient, elle marque la séparation nécessaire entre le domaine profane et le domaine sacré. Dans la Rome Antique, le dieu Janus avait pour mission de surveiller l’entrée et la sortie. Cette porte de Janus était en réalité double : en latin la porte se disait janua, elle était la porte concrète que l’on pouvait passer dans les deux sens, mais aussi la porte symbolique permettant de passer d’une année à l’autre. (Janvier = januarus). La symbolique chrétienne s’est inspirée de la déclaration de Jésus : « je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ». C’est pourquoi le Christ en gloire surmonte en général la porte centrale des porches des cathédrales.

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