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La Pâquerette de Benjamin     Conte de Noël 2014
Conteur 
Savez-vous pourquoi les pâquerettes ont une collerette rose ? Non ?  he bien je vais vous le dire… Et pour cela il nous faut revenir à la source de l’Evangile, à cette nuit de Noël où les bergers de Bethléem virent des anges…   

Lecteur:
Evangile de Luc, chapitre 2 Lecteur Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau.

Conteur 
Ah mais ces bergers… ils ont un nom ! Comme ici il n’y a pas « des paroissiens » ou « des enfants » ou « des résidents »… Mais il y a Monsieur Martin, Madame Dupont, il y a Léa, Roxane, Nathan, ou Gabriel…   Eh bien figurez-vous que les bergers de Bethélem aussi avaient un nom…   ·      Il y avait le Grand Georges…   Ah le Grand Georges, visible de loin avec son impressionnante cape, son grand chapeau et son bâton de berger… Sa houlette, eh, bien croyez moi les brebis la connaissait, et si un bélier ou une chèvre tentaient de s’éloigner un peu trop du troupeau ils avaient tôt fait de se rendre compte que le Grand Georges avec sa crosse était aussi précis qu’un champion de golf ! Et tac d’un coup précis, il balançait ses cailloux sur le mouton en train de s’éloigner et jamais, croyez-moi il ne ratait sa cible…  Bref, avec le Grand Geoerges, ça ne rigolait pas trop !   Heureusement qu’il y avait Dame Sarah   ·     
-     Dame Sarah, c’était tout le contraire du Grand Georges… Douce, elle était là à chaque agnelage et savait réconforter les brebis et leurs petits. Les bergers aussi l’aimaient, car elle les rassemblaient, la nuit tombée  autour du feu où elle faisait mijoter une bonne soupe bien chaude. Et là, dans les froides nuits d’hiver, elle savait réchauffer aussi leur cœur en leur racontant des histoires. Mais ce n’est pas tout, Dame Sarah, comme seules les femmes s’en montrent capables, faisait dix mille choses en même temps : elle ne laissait pas ses mains languir alors même qu’elle racontait ses histoires aux bergers rassemblés autour du feu et de sa fameuse soupe… Depuis toujours on l’avait vu, carder, filer puis tricoter d’innombrables couvertures, châles et autres écharpes…   Le Grand Georges, Dame Sarah   .. ah j’allais oublier… Il y avait encore, ·     
-  Le petit Benjamin… Un gringalet, haut comme trois pommes, si petit et si minçolet qu’on en oubliait jusqu’à sa présence. Il n’avait que la peau sur les os et il aurait bien aimé, quand approchait l’hiver, être comme les tortues qui s’enfouissent dans la terre pour hiberner et ne se réveiller qu’au printemps. Il aurait bien aimé se coucher comme les lapins, bien serrés les uns contre les autres au fond de leur terrier et qui attendent juste que l’hiver passe. Comme nous aussi, on attend juste que ça passe quand par exemple on est chez le dentiste ou que la jambe nous fait mal… Benjamin n’aimait décidément pas l’hiver ! Malgré le feu et les couvertures de Dame Sarah, il était toujours transis de froid et ne cessait de grelotter.  

Lecteur 
Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d'une grande crainte.

Conteur         
Ah quelle trouille !...  Je ne sais pas si vous avez déjà eu la visite d’un ange ? Mais je dois dire qu’en pleine nuit l’effet est redoublé ! Aussi rapide qu’une étoile filante, d’immenses ailes … une grande épée. Une lumière et un bruit de fin du monde !!!  Et vous auriez du les voir, les bergers… ils se sont éparpillés et certains ont été se cacher dans les grottes des alentours. Il paraît qu’il n’en sont jamais ressortis !   Mais le petit Benjamin s’est levé, il a regardé l’ange, et puis les bergers et il a dit : Même pas peur ! Alors certains se sont souvenu qu’une fois qu’un loup rôdait autour de troupeau le p’tit Banjamin avait été vers lui et lui avait dit en le regardants droit dans les yeux: « Toi tu pars » !   Et le loup avait reculé puis était parti !  

Lecteur 
L'ange leur dit : ''Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple: Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur; et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire''. Tout à coup il y eut avec l'ange, l'armée céleste en masse, qui chantait les louanges de Dieu et disait: ''Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés''. Ici on peut entonner la première strophe du chant avec tous ceux qui nous écoutent ! Chant : Les anges dans nos campagnes Lecteur Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux: ''Allons donc jusqu'à Béthléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître''.

Conteur         
Ah mais, dit Dame Sarah ! on ne peut pas partir sans cadeaux…  Et surtout si ce que l’ange nous a dit est vrai ! Pensez donc un nouveau-né couché dans une mangeoire… J’espère qu’il ont au moins renouvellé le foin et éloigné les bêtes… Moi je vais apporter des couvertures pour le bébé et puis un châle pour la maman et aussi des écharpes…
         
Le Grand Georges lui se grattait l’arrière du crâne, comme si c’était de là qu’allait sortir une bonne idée ! C’est que ma foi, dans sa vie, il n’en avait pas fait tant que ça des cadeaux… Mais si Dame Sarah en faisait, il ne pouvait pas demeurer en reste. Moi dit-il je vais apporter quelque chose au père. Parce que vous savez, dans ces histoires de naissance le père c’est le grand oublié :  « La mère et l’enfant se portent bien » et blablabla, Il n’y en a que pour Madame et le nouveau-né… Mais le père ? hein je vous le demande, le père ? qui est –ce qui pense à lui ? C’est comme s’il n’y était pour rien dans toute cette histoire ! Alors moi j’apporterai au père de l’enfant un de ces fromages de derrière les fagots, un fromage que je réservais pour une grande occasion !
 Quant à Benjamin, eh ! bien c’était bien simple. Il n’avait rien… Il avait beau retourner le fond de ses poches, pas le le plus petit sou, pas la moindre bille, rien ! Et qu’aurait-il pu apporter à l’enfant lui qui n’était qu’un gringalet, un gamin insignifiant à qui personne prêtait attention ? Allez ! En route dit le Grand Georges, on y va !  

Lecteur 
Les bergers y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.

Conteur 
Alors Dame Sarah offrit ses couvertures pour garnir la mangeoire et apporter un peu de confort. Elle donna un châle à Marie et déposa ses écharpes. Le Grand Georges alla vers Joseph et déballa son fromage… il se mirent à manger et un doux parfum de fromage se mit à embaumer l’étable… Puis se fut au tour de Benjamin.  Mais, vous vous souvenez n’est-ce pas ? Le p’tit Benjamin n’avait rien… et tout au long du trajet qui menait les bergers vers Bethléem il n’avait cessé de se demander ce qu’il pourrait bien offrir au Christ Seigneur ! Arrivant à Bethléem, tête basse il ne cessait de regarder le bout de ses souliers comme le petit qui a oublié sa poésie… Et c’est là, juste à côté de l’étable qu’il l’a vue… au bout de son soulier. Comme lui, Benjamin, elle était tout petite et insignifiante, comme lui toute transie de froid, mais courageuse, persévérante, s’obstinant à grandir même au cœur de l’hiver. Alors Benjamin s’était baissé, et délicatement il l’avait reccueillie dans la paume de sa main.  Alors s’approchant de l’enfant Jésus, il la lui tendit… Il lui tendit humblement cette petite fleur si courageuse et si lumineuse : la pâquerette. On raconte qu’à cet instant, l’enfant voulut dire quelque chose… mais sa maman l’en empêcha et lui mit délicatement un doigt sur la bouche pour qu’il ne trahisse aucun des secrets du monde d’où il venait… C’est d’ailleurs depuis de jour là que nous avons tous sous le nez, ce petit sillon, qu’on appelle « le doigt de la Vierge ». Alors l’enfant pris la petite fleur et ému, déposa sur sa corolle blanche un petit baiser. Emue à son tour, la petite fleur rougit et c’est pour cela que jusqu’à ce jour, un petit cercle rosé orne la corolle blanche de la pâquerette… C’est la trace qu’a laissé l’enfant Jésus, l’empreinte de son amour, qui nous dit que, rien à ses yeux, ni personne aux yeux de Dieu, n’est trop insignifiant pour mériter son attention et son amour.
Joyeux Noël !
Ce conte est une reprise d'un conte traditionnel que ma collègue Laurence Jacquaz avait entendu en son temps à Neuchâtel. Avec elle et d'autres collègues de l'aumônerie, nous avons eu le bonheur de pouvoir le dire à notre tour et chacun à sa façon pour le plus grand bonheur des résidents de 15 EMS de la Région Riviera-Pays d'Enhaut lors des fêtes de Noël 2014